En janvier 2014, la Haute-Savoie et le Pays de Gex présentent un visage totalement différent de celui qui prévalait en 2007. Les hommes et les entreprises ont radicalement changé. Sous le coup de l’incessante poussée démographique, les actifs en âge de travailler (16-65 ans) ont dépassé la barrière des 400 000 personnes ; en même temps, le nombre d’entreprises a explosé pour franchir le cap symbolique des 100 000 établissements recensés.Un actif sur quatre est désormais chef d’entreprise.
Le bilan 2013 de la Table ronde de conjoncture observe que le moteur de notre économie, l’industrie, sort plus rentable de la crise.Pour parvenir à un tel résultat, elle a rejeté certaines choses et en a gardé d’autres. Elle a rejeté les rigidités du travail.Ainsi, les “travailleurs détachés” du Sud et de l’Est de l’Union européenne ont fait une percée fracassante sur le marché.
Recrutés pour des missions de courtes durées, ils coûtent 25 à 40 % moins chers en cotisations sociales selon leur pays d’origine.Inconvénient : ils prélèvent une part des heures de travail jusqu’ici dévolues aux travailleurs temporaires autochtones.Les travailleurs frontaliers ont crû de + 53 % entre février 2007 et février 2014D’autre part, ce “dumping salaria” permet de brider le coût du travail et de maintenir la compétitivité des entreprises produit des dommages collatéraux ; il nourrit le chômage de longue durée (puisque la main-d’œuvre locale écartée reste dans les fichiers de Pôle emploi) et abonde ces mêmes fichiers avec les nouveaux venus qui, missions terminées, sont tentés de rester sur ce marché porteur.
Elle a gardé – et même renforcé – l’exception haut-savoyarde de la démographie : de 10 000 à 12 000 habitants en plus par an (selon l’Observatoire départemental de la Haute-Savoie), dont 52 % sont actifs.Les raisons de ce boom sont connues. Il y a l’attrait d’un territoire à visage écologique, touristique et sportif où il fait bon vivre, où l’emploi présentiel (c’est-à-dire non délocalisable) est important.
Il y a également l’attrait de la proximité de la Suisse qui joue le rôle de stabilisateur du marché de l’emploi : les travailleurs frontaliers ont crû de + 53 % entre février 2007 et février 2014, soit plus de 30 000 actifs passés de l’autre côté de la frontière.Mais, avanie de la crise, le marché helvétique est devenu incertain : la votation du 9 février dernier contre l’immigration de masse constitue une sévère mise en garde.












