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NOUVELLES EN FRANCAIS | 14 luglio 2025, 23:14

Valais a son deuxième bienheureux : la foi, le sang et la mémoire

À Barcelone, dans l’émotion d’une église pleine à craquer, François-Benjamin May, né à Champsec en 1870, a été proclamé bienheureux. Plus d’un siècle après son martyre, le Valais se souvient, et l’Église catholique honore un témoin silencieux de l’amour évangélique jusqu’au don de soi. Cette reconnaissance est bien plus qu’un événement liturgique : c’est un miroir tendu à notre époque, avide de repères, en quête de sens.

Valais a son deuxième bienheureux : la foi, le sang et la mémoire

Il y a des noms que l’Histoire oublie trop longtemps. Des visages discrets, des vies données dans le silence, loin des projecteurs, mais proches du cœur de Dieu. Samedi, dans une église barcelonaise emplie de ferveur, le Valais a retrouvé l’un de ses fils, François-Benjamin May, devenu le bienheureux frère Lycarion. Une reconnaissance attendue, portée par l’Église, mais aussi par les prières d’un peuple attaché à ses racines.

Né en 1870 à Champsec, petit village au fond du Val de Bagnes, François-Benjamin May entre dans la congrégation des maristes avec le désir simple de servir. Enseignant, éducateur, religieux, il part en Espagne, où il finira sa course terrestre dans le tumulte anticlérical qui secoue Barcelone en 1909. Assassinée pour sa foi, sa vie rejoint alors la grande lignée des martyrs, ceux dont le sang devient semence d’un avenir qui ne renie pas l’Évangile.

Cent quinze ans plus tard, l’Église proclame la sainteté de cette offrande. Dans le couvent de Saint-François-de-Sales, tout près de la Sagrada Familia, le cardinal Marcello Semeraro – envoyé personnel du pape Léon XIV – préside une cérémonie sobre mais poignante. Une relique bénie, composée d’écrits autographes miraculeusement retrouvés il y a trois semaines dans son village natal, vient rappeler que la mémoire des saints ne s’efface jamais vraiment. Elle sommeille, et revient au moment juste, comme un appel.

Un chant solennel dédié à frère Lycarion a retenti, mêlant les larmes aux voix, la foi à l’émotion. Car cette béatification, la seconde pour un Valaisan après celle de Maurice Tornay en 1993, est bien plus qu’un acte administratif de l’Église. C’est une lumière posée sur une vie, mais aussi un message adressé à chacun de nous. Dans un monde saturé de bruit et de doute, le témoignage de François-Benjamin May rappelle l’essentiel : vivre pour quelque chose de plus grand que soi. Aimer jusqu’à l’extrême. Croire quand tout vacille.

Le Valais, terre de montagnes et de silence, connaît ces élans d’absolu. Mais il les voit souvent partir ailleurs : vers la Chine avec Tornay, vers l’Espagne avec May. Peut-être est-ce là sa vocation profonde : donner des fils au monde, qui iront porter ailleurs la paix d’ici. Il ne s’agit pas de construire des statues, mais de transmettre l’élan. De faire mémoire pour ne pas s’éteindre. De croire que la sainteté n’est pas un idéal lointain, mais une réponse quotidienne, humble, incarnée.

À Barcelone, le 12 juillet 2025, l’Église a reconnu ce que le ciel savait déjà. Et le Valais, dans son silence digne, a dit merci.

pm/jv

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