Cittadini appaltati
Aosta, 2025. Anno del Signore, ma anche dell’appalto, della subappalto, del disservizio, della lettera di multa mai arrivata e della raccomandata che nessuno ha visto. È il tempo glorioso in cui i diritti si esternalizzano, come un vecchio divano lasciato sul marciapiede. E il cittadino? Lui pure, appaltato.
Come ha ben descritto Vittore Lume‑Rezoli nel suo incisivo articolo “Appaltati i diritti dei cittadini”, stiamo assistendo a una deriva preoccupante: “si vendono servizi essenziali a privati allontanando i cittadini dalle istituzioni” – parole che fotografano con precisione quello che sta accadendo anche qui ad Aosta
Succede che il Comune di Aosta, con spirito imprenditoriale da Silicon Valley in ritardo, ha deciso di affidare la riscossione delle sanzioni stradali a una società privata. Ma non una qualsiasi: una senza sede in Valle. Una società invisibile, intangibile, eterea. Per trovarla bisogna evocarla col pendolino o sperare in un segnale divino via PEC.
Le multe, però, arrivano. O meglio: a volte no. E qui comincia l’incubo. Non ricevi nulla, ma un giorno – spesso mesi dopo – ti arriva la cartella, l’importo quadruplicato, e un tono minaccioso da gangster fiscale. Provi a contattare la società. Buona fortuna. Il numero non risponde, l’email rimbalza, il fax... lasciamo stare. Sembra la trama di un film distopico, ma è solo l’Aosta dell’efficienza privatizzata.
In tutto questo, dov’è l’amministrazione comunale? Dov’è la voce istituzionale che dovrebbe tutelare il cittadino? Sparita. Anzi no: c’è, ma non risponde. La vice sindaca Josette Borre – che dovrebbe essere garante dei rapporti tra istituzioni e cittadinanza – sembra diventata un ologramma. Le associazioni dei consumatori chiedono un incontro? Silenzio. I cittadini protestano? Nulla. Un muro di gomma. Di quelli buoni, però, per il rimbalzo delle responsabilità.
E così, mentre in Francia si nazionalizza EDF per difendere l’interesse collettivo e in Burkina Faso si riportano sotto controllo statale le miniere d’oro, ad Aosta si privatizza pure la pazienza dei cittadini. E la politica si limita a dire che “l’esternalizzazione è necessaria per garantire efficienza”. Peccato che l’efficienza non sia per noi. È per loro. Per chi incassa.
Chi ci rimette è sempre il cittadino. Che non ha un ufficio dove andare, un referente con cui parlare, un diritto che venga tutelato. Solo multe che lievitano e una sensazione crescente di abbandono. Come se il Comune, invece di essere la casa di tutti, fosse diventato un condominio amministrato da una ditta esterna che non risponde al citofono.
Cara vice sindaca Borre, se il Comune è un’azienda, allora i cittadini sono i clienti. E un’azienda che tratta così i propri clienti chiude. Ma qui non chiude nessuno. Qui si va avanti a colpi di determine dirigenziali, bandi opachi, servizi al ribasso. Altro che partecipazione, altro che prossimità: siamo diventati utenti da spremere e poi ignorare.
Viene da chiedersi: cosa deve succedere perché vi accorgiate che l’affido dei servizi pubblici non è una partita di giro contabile, ma una scelta politica che incide sulla vita reale delle persone? Serve forse che i cittadini inizino a fatturare le ore perse a cercare un contatto con la società X? Che vi mandino la richiesta di risarcimento per danno esistenziale da inefficienza amministrativa?
Noi non chiediamo la luna. Chiediamo che le multe ci vengano notificate. Che se vogliamo contestarle, possiamo farlo senza arrampicarci sul Monte Bianco. E soprattutto che chi governa la città ci metta la faccia. Perché dietro ogni disservizio c’è una firma. E dietro quella firma c’è una responsabilità. (ha collaborato Jean-Paul Savourel)
Cittadini in appalto
Aoste, 2025. L’an de grâce – mais aussi de l’appel d’offres, du sous-traitant, du dysfonctionnement, de l’amende jamais notifiée et de la lettre recommandée que personne n’a vue. C’est l’ère glorieuse où les droits s’externalisent comme un vieux canapé abandonné sur le trottoir. Et le citoyen ? Lui aussi, sous-traité.
Comme l’a brillamment décrit Vittore Lume‑Rezoli dans son article percutant « Appaltati i diritti dei cittadini », nous assistons à une dérive inquiétante : « des services essentiels sont vendus à des privés, éloignant les citoyens des institutions » – des mots qui illustrent parfaitement ce qui se passe aussi ici, à Aoste.
Il se trouve que la Commune d’Aoste, avec un esprit entrepreneurial à la Silicon Valley version province, a décidé de confier la perception des amendes routières à une société privée. Mais pas n’importe laquelle : une société sans siège en Vallée. Une entreprise invisible, intangible, éthérée. Pour la retrouver, il faut sortir le pendule ou espérer un signe divin par PEC.
Les amendes, elles, arrivent. Ou plutôt : parfois non. Et c’est là que commence le cauchemar. Vous ne recevez rien, puis un jour – souvent plusieurs mois après – vous recevez une relance, quadruplée, avec un ton de mafieux fiscal. Vous essayez de contacter la société ? Bonne chance. Le numéro ne répond pas, le mail rebondit, le fax... n’en parlons pas. On croirait le scénario d’un film dystopique, et pourtant, c’est simplement l’Aoste de l’efficacité privatisée.
Et dans tout ça, où est l’administration communale ? Où est la voix institutionnelle censée protéger le citoyen ? Disparue. Ou plutôt : présente, mais silencieuse. La vice‑mairesse Josette Borre – qui devrait être la garante des rapports entre institutions et population – semble s’être métamorphosée en hologramme. Les associations de consommateurs demandent un rendez-vous ? Silence. Les citoyens protestent ? Rien. Un mur de caoutchouc. Mais du bon caoutchouc, celui qui fait bien rebondir les responsabilités.
Et pendant que la France renationalise EDF pour défendre l’intérêt collectif et que le Burkina Faso reprend le contrôle de ses mines d’or, à Aoste on privatise même la patience des citoyens. Et la politique, elle, se contente de répéter que « l’externalisation est nécessaire pour garantir l’efficacité ». Dommage que l’efficacité ne soit pas pour nous. Elle est pour eux. Pour ceux qui encaissent.
Ce sont toujours les citoyens qui paient les pots cassés. Sans guichet où aller, sans interlocuteur, sans droit véritablement protégé. Rien que des amendes qui gonflent et un sentiment d’abandon croissant. Comme si la mairie, au lieu d’être la maison de tous, était devenue une copropriété gérée par une société externe qui ne répond pas à l’interphone.
Chère vice‑mairesse Borre, si la commune est une entreprise, alors les citoyens sont les clients. Et une entreprise qui traite ses clients comme ça, elle ferme. Mais ici, rien ne ferme. Ici, on continue à coups de décisions technico‑politiques, d’appels d’offres opaques, de services à prix cassés. Oubliez la participation, oubliez la proximité : nous sommes devenus des usagers à presser puis à ignorer.
On se demande : qu’est-ce qu’il faudra pour que vous compreniez que l’externalisation des services publics n’est pas une opération comptable, mais un choix politique qui pèse sur la vie réelle des gens ? Faut-il que les citoyens commencent à facturer les heures perdues à essayer de contacter la société X ? Qu’ils vous envoient des demandes d’indemnisation pour préjudice existentiel dû à l’inefficacité administrative ?
Nous ne demandons pas la lune. Nous demandons simplement que les amendes soient notifiées. Que si nous voulons les contester, nous puissions le faire sans devoir escalader le Mont-Blanc. Et surtout que ceux qui gouvernent cette ville aient le courage de montrer leur visage. Car derrière chaque dysfonctionnement, il y a une signature. Et derrière cette signature, il y a une responsabilité.
(avec la collaboration de Jean-Paul Savourel)