/ Chez Nous

Chez Nous | 20 giugno 2025, 08:00

Giorgia et les autres

Giorgia e le altre

Giorgia et les autres

Giorgia parte in missione, vola col jet di Stato e porta con sé la figlia. Dice che è l’unico modo per starle vicina. Troppo presa, troppo impegnata. Tra vertici, vertigini di potere e vetrine internazionali, la maternità diventa questione di logistica. Tenerissima, certo. Umanissima, sì. Ma anche scandalosamente privilegiata.

Perché lei può. Le altre no.

Le altre Giorgie – quelle vere, quelle che non stanno a Palazzo Chigi ma in fila all’INPS – non hanno l’aereo blu. Hanno il pullman delle 5.45. Hanno la sveglia alle 4 e il turno di notte. Hanno tre lavori precari, due figli a carico e un frigo semivuoto. Altro che voli di Stato. Loro volano solo con la fantasia, quando non sono troppo stanche per sognare.

Le altre Giorgie lasciano i figli alla nonna, se c’è. Oppure alla sorella, alla vicina, al cellulare. Le altre Giorgie non li vedono crescere: li rincorrono. Tra una corsa al supermercato e un contratto a chiamata.

E quando si ammalano? Nessun medico personale, nessuna clinica convenzionata. C’è il pronto soccorso, se va bene. O la tachipirina, se va male. Il pediatra costa. I pannolini anche. E il bonus mamma è un insulto travestito da elemosina.

Le altre Giorgie vivono sotto sfratto, in bilocali ammuffiti, in baracche abusive o in dormitori improvvisati. E no, nessuno va a trovarle con le telecamere al seguito. Nessun talk show, nessuna passerella. Solo silenzio.

Le altre Giorgie, quando denunciano un compagno violento, si trovano davanti a un commissario scettico e a uno Stato assente. Nessun decreto urgenza. Nessuna task force. Solo paura, quella vera.

E quando fanno figli? Lo Stato le applaude nei discorsi e le punisce nella realtà. Asili nido? Liste d’attesa. Congedi? Misere briciole. Tempo? Non pervenuto. Affetto? Solo se riescono a strapparlo alla stanchezza.

Nel frattempo, la Giorgia che governa vola serena, col sorriso di chi può permettersi tutto. Persino la narrazione.

Perché sì, può anche avere ragione: portarsi dietro la figlia è un modo per tenerla vicina. Ma raccontarlo come se fosse normale, come se fosse alla portata di tutte, è una presunzione da stomaco pieno e cuore in saldo.

Perché in Italia chi ha i soldi, ha anche il tempo per gli affetti.
Chi non ha niente, si arrangia.

E allora basta con questa favola ipocrita della madre in carriera che "ce la fa" solo perché ha lo Stato al servizio. La verità è che esistono due Italie. E due maternità. Una coi privilegi. L’altra con le pezze.

Cara Presidente, tenga pure stretta sua figlia. Ma smetta di darci lezioni.
Perché se davvero vuole fare qualcosa per tutte le altre Giorgie, scenda dal jet.
E provi, almeno per un giorno, a vivere senza rotta preferenziale.
A volare basso. (ha collaborato Jean-Paul Savourel)

Giorgia e le altre

Giorgia part en mission, vole avec le jet d’État et emmène sa fille. Elle dit que c’est le seul moyen de rester proche d’elle. Trop prise, trop occupée. Entre sommets internationaux, vertiges du pouvoir et vitrines diplomatiques, la maternité devient une affaire de logistique. Très attendrissante, bien sûr. Très humaine, oui. Mais aussi scandaleusement privilégiée.

Parce qu’elle peut. Les autres, non.

Les autres Giorgia – les vraies, celles qui ne sont pas à Palazzo Chigi mais font la queue à la CAF – n’ont pas d’avion bleu. Elles ont le car de 5h45. Le réveil à 4h du matin. Le service de nuit. Trois boulots précaires, deux enfants à charge et un frigo presque vide. Alors les vols d’État, elles n’en rêvent même plus. Elles volent seulement en imagination, quand elles ne sont pas trop fatiguées pour rêver.

Les autres Giorgia laissent leurs enfants à leur mère, si elle est encore là. Ou à une sœur, une voisine, un téléphone portable. Elles ne les voient pas grandir : elles les poursuivent. Entre une course au supermarché et un contrat à la journée.

Et quand l’enfant est malade ? Pas de médecin personnel, pas de clinique conventionnée. Il y a les urgences, si tout va bien. Ou le paracétamol, si tout va mal. Le pédiatre coûte cher. Les couches aussi. Et le “bonus maman” ? Une insulte déguisée en aumône.

Les autres Giorgia vivent sous le coup d’un avis d’expulsion, dans des deux-pièces moisis, des cabanes illégales ou des dortoirs de fortune. Et non, personne ne vient les filmer. Aucun talk-show. Aucune tribune. Juste le silence.

Les autres Giorgia, quand elles dénoncent un compagnon violent, se retrouvent face à un commissaire sceptique et à un État absent. Aucun décret d’urgence. Aucune cellule de crise. Juste la peur. La vraie.

Et quand elles font des enfants ? L’État les applaudit dans les discours, puis les punit dans la réalité. Crèches ? Listes d’attente. Congés ? Des miettes. Temps ? Inexistant. Tendresse ? Un luxe qu’elles arrachent à l’épuisement.

Pendant ce temps, la Giorgia qui gouverne vole paisiblement, avec le sourire de celle qui peut tout se permettre. Même la mise en récit.

Parce que oui, elle a peut-être raison : emmener sa fille, c’est une manière de rester proche. Mais le raconter comme si c’était normal, comme si c’était à la portée de toutes, c’est une arrogance de ventre plein et de cœur en promotion.

Parce qu’en Italie, ceux qui ont de l’argent ont aussi le temps pour l’amour.
Ceux qui n’ont rien, se débrouillent.

Assez, donc, de ce conte hypocrite de la mère carriériste qui “y arrive”, simplement parce qu’elle a l’État à son service. La vérité, c’est qu’il existe deux Italies. Et deux maternités. L’une avec les privilèges. L’autre avec des rustines.

Chère Présidente, gardez votre fille contre vous. Mais de grâce, ne nous donnez plus de leçons.
Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour toutes les autres Giorgia, descendez du jet.
Et essayez, rien qu’un jour, de vivre sans itinéraire prioritaire.
De voler bas. (avec la collaboration involontaire de Jean-Paul Savourel)

piero.minuzzo@gmail.com

Prima Pagina|Archivio|Redazione|Invia un Comunicato Stampa|Pubblicità|Scrivi al Direttore