Une fête, à l’enseigne du partage des souvenirs, des échanges et, surtout, un moment d’union.
Lors des discours officiels, c’est le syndic de Quart Fabrizio Bertholin qui a pris la parole en premier pour rappeler que « Par le passé, de nombreuses familles ont malheureusement quitté Quart, à la recherche de conditions de vie que notre région ne pouvait pas leur offrir. Chacun de nous a dans sa famille au moins un grand-père, des oncles ou des cousins qui sont partis à l’étranger, où ils ont souvent pris racine.
Mais pour cette édition de la Rencontre – a-t-il ajouté – nous avons également voulu raconter des histoires d’aujourd’hui, et rencontrer les jeunes valdôtains – et les Quarteins, en particulier – qui, pour des raisons qui ne sont pas les mêmes qu’autrefois, ont quitté notre petite patrie pour étudier ou pour travailler. Et je peux vous dire qu’en ce moment, il y a de jeunes Quarteins en France et en Suisse, mais aussi en Pologne, au Mexique, en Guadeloupe et jusqu’en Nouvelle Zélande : un peu partout dans le monde, en somme.
Le syndic Bertholin a conclu son message sur une citation du Dalaï-Lama , « Donnez à ceux que vous aimez des ailes pour voler, des racines pour revenir et des raisons pour rester », en ajoutant « Eh bien, c’est ce que nous souhaitons pour nos émigrés : aux jeunes surtout, nous voudrions donner des ailes pour voler, pour aller découvrir le monde, suivre leurs passions et leurs ambitions, mais également des racines pour qu’ils puissent revenir un jour au pays natal et, peut-être, y rester. »
C’est ensuite monsieur Gérard Schrepfer, Président du Co.Fe.S.E.V.-Comité Fédéral des Sociétés d’Émigrés Valdôtains, qui s’est exprimé au nom des diverses sociétés d’émigrés pour attirer l’attention sur le problème concret des travaux de restructuration du tunnel du Mont-Blanc : « Les Alpes, cette barrière, après mille ans de séparation physique, avaient été vaincues par le tunnel et là, nous revenons comme dans le passé. Mais aujourd’hui les hommes et les idées rechignent à être freinés dans leurs déplacements et la concurrence est rude sur les voies de passage. Nous souhaitons qu’à travers cette situation, notre Vallée connaisse un regain d’intérêt auprès du public européen. Que l’amélioration des voies de communication reste, comme au temps de la Maison de Savoie, une source de ressources bien méritées, une porte ouverte aux dialogues des cultures et au passage des idées et du progrès. Nous autres émigrés et descendants d’émigrés, nous sommes attachés aux relations transfrontalières libres et commodes car revenir au Pays est pour nous une joie. Comme nous souhaitons faire partager notre plaisir au plus grand nombre, les moyens de communication nous interpellent et il nous semble que dans cette affaire la France n’a pas soutenu les intérêts de notre Vallée à la hauteur de son Histoire et de nos espérances. Nous avons « 18 ans » pour perfectionner la situation. Tous les espoirs sont permis ! »
Autre allocution officielle, celle de Laurent Oreiller, 31 ans et originaire de Quart qui – ses études terminées – s’occupe aujourd’hui de projets européens au sein de l’Université de Franche-Comté, à Besançon, et qui a tenu à témoigner de son expérience et de son ressenti d’émigré valdôtain d’aujourd’hui : « Nous portons en nous l'essence même de notre terre natale, la Vallée d'Aoste, tout en étant éloignés physiquement de ses montagnes majestueuses et de ses vallées verdoyantes. Être un Valdôtain, c'est faire partie d'une communauté unie par une histoire riche et un patrimoine culturel unique. C'est vivre au rythme des saisons, des fêtes traditionnelles et des coutumes séculaires qui ont forgé notre identité. C'est parler notre patois valdôtain et perpétuer les récits de nos ancêtres qui ont foulé cette terre depuis des générations.
D'un autre côté, être un émigré, c'est se confronter aux défis de la distance, de l'adaptation à un nouvel environnement et, parfois, de la nostalgie. C'est porter en soi un mélange d'émotions, une bouffée de bonheur lorsque l'on rencontre un compatriote loin de chez soi, mais aussi un pincement au cœur en pensant à ceux que nous avons laissés derrière nous. Notre dualité d'émigrés valdotains est une force qui nous unit. Elle nous pousse à préserver notre identité tout en nous ouvrant à de nouvelles cultures et perspectives. Nous sommes des ambassadeurs de notre belle région, des passeurs de mémoire, et des porteurs d'un héritage que nous transmettrons fièrement à nos enfants. »
Le Président de la Région Renzo Testolin a quant à lui insisté sur la puissance de ce rendez-vous dédié aux émigrés : « La Rencontre est depuis presque un demi-siècle l’un des éléments caractéristiques de notre culture et de notre nature de Valdôtains. C’est un temps fort de l’année, dont nous sommes profondément fiers, car il rend hommage à toutes celles et tous ceux qui ont quitté notre terre pour construire leur avenir ailleurs, mais qui n’ont jamais oublié d’où ils sont partis, parce que le mou de maison est un sentiment puissant et indéracinable.
Il a poursuivi : « Voilà pourquoi aujourd’hui est une journée de fête, de retrouvailles, de rencontres, précisément, et d’échanges : le cadre parfait pour partager ce sentiment, qui habite les émigrés de retour sur leur terre d’origine, comme ceux qui sont restés au pays et attendent cette occasion de retrouver un frère, un cousin, un voisin ou un camarade d’école.
Au cours du dernier siècle, surtout, la Vallée d’Aoste a dû compter avec le phénomène de l’émigration. Nombreux sont ceux qui ont choisi la France. Et beaucoup sont arrivés jusqu’en Amérique. Le manque de travail et l’espoir de trouver à l’étranger une vie meilleure ont divisé bien des familles, auxquelles la Rencontre a aussi permis de se retrouver.
De nos jours, l’émigration augmente à nouveau dans notre région. Ces jeunes font partie de la génération aux nouvelles compétences numériques. Ce sont des jeunes de chez nous, comme Laurent Oreiller, qui ont étudié et se sont spécialisés. Ils veulent construire leur avenir ailleurs, parce que le marché du travail local n’offre pas de débouchés pour leurs compétences.
Le Président Testolin a ensuite souligné que « Nous devons tenter de ramener nos jeunes chez nous. Le Gouvernement régional s’est déjà attelé à la tâche, avec le nouveau plan de développement de notre université : dans quelques mois, celle-ci aura un nouveau siège et devra agir toujours plus en synergie avec notre territoire. Nous avons également pris des mesures pour accroître l’attractivité de notre région : je pense au projet de loi que nous avons soumis il y a quelques semaines à l’approbation du Conseil régional et qui institue une zone franche pour la recherche. Cette mesure vise à stabiliser l’implantation de nouvelles entreprises dans la Vallée, pour faire germer des idées neuves et susciter la création d’autres emplois. »
Le Président a conclu en rappelant « qu'il y a deux jours s'est terminée la session du Parlement des Jeunes promue par le Conseil régional, au cours de laquelle nous avons eu l'occasion de rencontrer des jeunes de la Vallée d'Aoste qui sont déjà des émigrés, qui sont souvent partis loin pour étudier, mais qui sont revenus pour participer au Conseil des jeunes, à une discussion très intéressante tournée vers l'avenir, vers notre avenir, et qui ont amené avec eux d'autres jeunes de différentes parties du monde : c'est aussi dans ce contexte que la Vallée d'Aoste peut être un point de référence et attirer les plus brillants esprits dans notre région »
Il sindaco di Quart, Fabrizio Bertholin ha fatto gli onori di casa