Grégory Schwarshaupt, directeur adjoint du Tunnel du Mont Blanc, quel bilan tirer de ces travaux ?
Globalement tout s’est bien passé. Ce chantier a représenté des mois de préparation en interne. L’enjeu était de taille car c’était la première fois que l’on fermait totalement le tunnel plus de deux jours consécutifs depuis 2002.
Chaque tâche était minutée et le challenge des équipes était de savoir s’adapter à tout moment. Notre maitre d’œuvre, Artelia-Quadric, était présent 24 heures sur 24 pour s’assurer que l’avancement soit conforme au planning et mesurer les dérives qu’il constatait, afin de les corriger ou alerter. Je ne dirais pas que le suivi était à la minute près, mais pas loin.
La date du 7 novembre a été tenue. Ce report de 12 heures a permis aux équipes de terminer leurs travaux dans les meilleures conditions et d’effectuer tous les tests de bon fonctionnement des installations, conformément à nos exigences de sécurité.
Pourquoi un report de la réouverture de 12 heures ?
Conscient des attentes de tous pour que nous respections les délais annoncés, la marge d’erreur dans la planification était faible et pour autant un chantier de génie civil de cette ampleur reste propice aux imprévus.
C’est au démarrage des travaux que le plus de réglages ont été nécessaires. La phase la plus délicate était, en effet, le rabotage de la chaussée qui par endroit présentait des traces d’amiante. Aussi avons-nous dû adapter nos procédures d’intervention à cette contrainte forte.
Ensuite, les travaux d’auscultation et de réparation de la dalle mise à nue ont nécessité plus de temps. Là encore, il s’agit de s’adapter aux surfaces à rénover, leur taille et leur profondeur, avec les temps de séchage nécessaire du mortier.
Les tâches suivantes ont été plus conformes au planning.
Comment la découverte de traces d’amiante a été prise en compte dans ce chantier ?
Le diagnostic réalisé à la suite de découvertes de traces en mai 2021 a été exhaustif. Il a pris quelques mois, de fin 2021 à début 2022, mais nous a permis de mener les travaux selon le programme fixé, sans surprise.
La présence de traces d’amiante dans la chaussée était un paramètre que nous avions identifié et donc intégré systématiquement dans nos chantiers. Nous avons travaillé avec des entreprises spécialisées comme COLAS, et la programmation du chantier a reposé sur les mesures de sécurité à appliquer aux travailleurs à l’intérieur du tunnel.
Notre impératif n’est pas le temps mais le respect de la stricte réglementation.
C’est surtout la phase de rabotage de la totalité des enrobés qui a été délicate à programmer : le dispositif de prévention déployé a eu un impact sur le rendement et sur les effectifs. Pour protéger les équipes de toute exposition aux traces d’amiante, il a fallu une organisation particulière : des durées de travail raccourcies, donc plus de rotations du personnel. Mais une fois cette phase terminée, cela n’a plus eu d’impact sur le déroulement du chantier.
Quelles sont les prochaines dates de fermeture en 2022 ?
Ce mois-ci, nous avons 10 nuits de fermeture pour la maintenance classique du tunnel afin de mener à bien toutes les opérations qui n’ont pas pu être faites durant ces trois semaines puisque le personnel ne pouvait pas circuler sur la chaussée en construction ou en séchage.
Il s’agit principalement de maintenance sur les équipements et sur le réseau incendie et nous avons aussi un exercice de sécurité binational la nuit du 28 novembre.
Quels ont été les reports de trafic sur les autres tunnels, notamment celui du Fréjus ?
Concernant les véhicules légers, nos principaux clients, 30 % se sont reportés vers le Fréjus et un peu moins de 50 % vers le tunnel du Grand Saint Bernard.
Pour les poids lourds, le report s’est dirigé à près de 90% vers le tunnel du Fréjus.
Qu’on fait les équipes du TMB GEIE pendant cette fermeture ?
Nous avons profité de la disponibilité plus large de nos équipes, notamment du personnel en 3 x 8 pour réaliser un important programme de formation. En temps normal, c’est toujours une gymnastique un peu complexe d’organiser les plannings pour les équipes postées.
Les opérateurs du PC trafic ont continué leur mission de surveillance, pas du trafic cette fois-ci mais du chantier qui se déroulait H24.
Les personnels des péages, de sécurité et de trafic étaient missionnés jour et nuit au contrôle d’accès sur la zone de chantier, pour filtrer toutes les personnes intervenantes, mais aussi au contrôle de l’accès à l’intérieur du tunnel : le respect des équipements nécessaires, le nombre d’entrants de sortants, etc.
Quels sont les prochains gros travaux ?
Le chantier des 640 mètres de dalle à rénover, ce chantier engagé en 2021, redémarrera au printemps prochain. Ces travaux se dérouleront lors de fermetures nocturnes, entre avril et juin, et cela prendra trois ans : aux printemps 2023, 2024 et 2025.
Concernant le chantier de la voûte du tunnel, il nécessitera la fermeture totale du tunnel, à l’automne 2023 et à l’automne 2024. 600 mètres seront rénovés en 2023 et 600 mètres en 2024. Il s’agit d’un chantier-test pour déterminer le meilleur mode opératoire : durée, technologie employée, impact de la fermeture sur une longue durée, etc. Tous les paramètres seront étudiés pour déterminer la suite du chantier de rénovation de la voûte.
Merci Grégory pour vos réponses.