Nantes, Bretagne. C’est ici que l’Union Valdôtaine a choisi, ou plutôt confirmé, sa place : au sein d’une Europe qui parle basque, catalan, breton, occitan, frioulan… et valdôtain. Représenté par son président Joël Farcoz, le Mouvement autonomiste participe, du 8 au 10 mai, à l’assemblée générale de l’Alliance Libre Européenne (ALE), un rassemblement politique souvent ignoré des grands médias mais qui incarne la persistance d’un contre-discours face aux pulsions centralisatrices des États.
Le slogan de cette assemblée — « Parler, c’est exister » — dit tout. Il ne s’agit pas seulement de mots : il s’agit de droits, de mémoire, d’appartenance. L’Union Valdôtaine y intervient non pas en simple spectatrice, mais en acteur historique : elle fut en 1983 l’un des membres fondateurs de cette alliance qui regroupe aujourd’hui quarante partis issus de minorités nationales, de régions historiques et de territoires souvent ignorés des capitales.
La défense des langues minoritaires est au cœur des débats, dans un contexte de déclin avéré. Les membres de l’ALE réclament des politiques linguistiques proactives à l’échelle européenne, mais aussi une reconnaissance institutionnelle de ces langues souvent reléguées au folklore.
Pour Joël Farcoz, l’enjeu dépasse le cadre strictement linguistique :
« Nous croyons fondamental de continuer à créer des collaborations et des dialogues européens pour continuer dans notre lutte de promotion des petites réalités, des minorités, des langues des peuples dans un cadre d'une Europe des Peuples unie », a-t-il déclaré lors de son intervention.
Derrière ces mots, une vision : celle d’une Europe construite du bas vers le haut, où les territoires — et non les bureaucraties nationales — seraient les véritables sujets politiques. Farcoz insiste :
« Avec sa présence, l'Union Valdôtaine souligne une fois de plus l'importance des rapports politiques avec tous ceux qui ont à cœur et qui peuvent donner un soutien à la Cause Valdôtaine et au développement socio-économique et culturel de la Vallée d'Aoste. »
À ses côtés, la présidente de l’ALE, la Basque Lorena López de Lacalle, confirme cette ligne :
« Ces territoires, dans cette assemblée, expriment et défendent leurs réalités locales, leurs droits culturels et leurs langues […]. Nos voix doivent continuer à être entendues au-delà de nos réalités locales. »
Dans un moment politique où l’Union Européenne oscille entre stagnation technocratique et tensions souverainistes, les autonomismes régionaux — comme celui de la Vallée d’Aoste — posent une question stratégique : celle d’un fédéralisme réinventé, capable de répondre aux crises démocratiques et identitaires du continent. Ce n’est pas une nostalgie, c’est une nécessité.