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CULTURA | 18 maggio 2024, 11:39

Pays d'Aoste Souverain: La vision indépendantiste d’Émile Chanoux

Binel a été déporté dans des camps de travail en Allemagne. Chanoux est décédé en prison le même jour,suite aux coups reçus lors des interrogatoires.

Pays d'Aoste Souverain: La vision indépendantiste d’Émile Chanoux

Les fascistes diront qu'il s'est pendu dans sa cellule. Mais, comme le disait Alexandre Passerin d'Entrèves, « la calomnie honteuse du suicide n'a trompé personne, ni alors ni jamais ». 

À la date de sa mort, Chanoux a toujours été honoré et rappelé,et en même temps tué à plusieurs reprises.C'est la terrible vérité que nous vivons chaque jour avec la mensonge de notre classe politique autonomiste.

La Déclaration de Chivasso et la vision indépendantiste d’Émile Chanoux

Il y a plus de 80 ans, le 19 décembre 1943, à Chivasso, petite ville du Piémont, s’étaient rencontrés les représentants des populations alpines, qui venaient de la Vallée d’Aoste et des Vallées Vaudoises de Pignerol. Peu de gens, mais avec des idées bien claires sur ce qui aurait dû être, une fois la Guerre terminée, l’organisation du futur État Italien : ce qu’il préconisaient était un État organisé avec des critères fédéralistes, mais surtout la juste reconnaissance aux Vallées Alpines du droit de se constituer en communautés politico-administratives autonomes. Pour eux, en effet, comme l'indique le document élaboré lors de cette réunion historique, connu sous le nom de Déclaration de Chivasso, le fédéralisme devait représenter la solution du problème des petites nationalités et la liquidation définitive du phénomène historique de l'irrédentisme.

Cette importante déclaration avait été précédée par des textes préparatoires de la part de tous les membres qui ont signé ce mémorable document.

Il faut dire que le texte préliminaire de Chanoux élaboré pour la réunion de Chivasso – au contraire de ceux présentés par les Vaudois (Peyronel, Rollier Malan, Coïsson) et par Chabod – se différenciait en soulignant que la Charte devait être spécifiquement une « Dichiarazione dei Diritti delle popolazioni alpine ». Par cela, Chanoux voulait souligner, quant aux Valdôtains, le fait qu’ils avaient défendu leur indépendance et leur liberté pendant plusieurs siècles et soutenu leur gouvernement autonome. Or, depuis 1773 ils avaient dû capituler face aux attaques du royaume de Sardaigne – imbu d’absolutisme royal et de centralisme étatique – qui leur avait enlevé cette autonomie, politique poursuivie ensuite avec la constitution de l’État Italien ; mais, le peuple valdôtain voulait reconquérir ses droits et s’occuper à nouveau de son propre pays et de se pouvoirs historiques.

La vision indépendantiste du Notaire

Pendant cette année 2024, nous allons aussi rappeler le 80ème anniversaire de la mort de Émile Chanoux.La vision du martyr valdôtain était celle d’arriver un jour à constituer un régime fédéraliste intégral, d’où la nécessité de préparer les Valdôtains afin d’arriver à la création d’une Région Valdôtaine, de formaliser l’indépendance, la liberté de l’individu, une décentralisation complète, l’autonomie et la souveraineté populaire.

Le moment était très délicat et il fallait donc jouer toutes les cartes pour rejoindre ce but. Cette solution, il savait très bien, était la voie la plus difficile parce que beaucoup de facteurs plus forts influençaient cette possibilité.

L’autre solution était celle de faire partie en forme fédérative d’un autre État constitué. L’unique État qui en ce moment-là était décentralisé et fédéral était la Suisse, mais après avoir sondé la possibilité d’une tentative d’incorporation, cette hypothèse s’avéra vaine. La neutralité suisse, malheureusement, ne la tolérait pas.

Pour Chanoux, l’Italie ne devait venir qu’en dernière instance, mais toujours considérant qu’elle soit une république fédérale. À cet égard, il affirmait dans FEDERALISMO E AUTONOMIE «ben sapendo che una repubblica accentrata non sarebbe meglio di una monarchia, ma sapendo anche che la monarchia italiana è per sua natura accentratrice... una repubblica può essere peggiore di una monarchia se la sua struttura rimane quella della vecchia monarchia. Togliete il re e mettete un presidente in sua vece.»

L’Abbé Trèves, président du mouvement La Jeune Vallée d’Aoste, en 1931 dans une lettre envoyée à l’Abbé Gorret, prophétisait soit la fin de la monarchie à laquelle il souhaite des « funérailles de première classe » car la Maison de Savoie, disait-il « a toujours sacrifié la Vallée d’Aoste à ses intérêts et à son ambition et nous a continuellement dépouillés ou assisté bêtement à notre dépouillement à nu », soit un État de type Suisse, constitué « en régime de République fédérative, qui est l’unique solution juste et qui peut résoudre les multiples problèmes insolubles par ailleurs qui, depuis cette Unité brutale, divisent, épuisent, ruinent notre chère Patrie ».

Aujourd’hui l’État italien est devenu ce que Chanoux prévoyait. En effet l’Italie est exactement le contraire et donc le renversement de la conception fédéraliste, car tout est décidé par l'organe le plus éloigné de l'individu, c'est-à-dire l’État. Notre Statut Spécial prévoit des compétences primaires sur l'élaboration et la promulgation des lois, mais c'est toujours la loi nationale qui conditionne les règles.

Mais, dans les vues politiques de Chanoux, il y avait aussi la France. Il faut dire qu’existait déjà en 1943 un mouvement d’opinion qui voulait le rattachement à la France, vu l’attitude cruelle que les Savoie puis l’État italien ont eu envers notre patrie valdôtaine pendant des siècles.

Mais ce que Chanoux cherchait c’était d’obtenir le maximum possible en ce qui concerne la liberté et l’autonomie pour que la vallée d’Aoste puisse revivre de son droit à l’autogouvernement et donc, tout court, à son autodétermination. C’est pour cela qu’il démontrait aussi une position indépendantiste.

Des témoignages attestant cette position indépendantiste ne manquent pas : dans une lettre adressée au lieutenant-colonel De Galbert au cours de la Seconde Guerre mondiale, le chanoine Bernard Secret, aumônier de la garnison de Chambéry où il avait connu Chanoux, écrit textuellement : « en septembre 1943 il y avait parmi les officiers piémontais à Chambéry un lieutenant Chanoux, notaire à Aoste. Quand les Allemands ont emprisonné les Italiens à l’Hôtel de France, Chanoux que je connaissais beaucoup, m’a mis au courant d’un complot dont il était un des chefs pour poursuivre la sécession du Val d’Aoste et un rattachement à la France. Il s’est évadé et a regagné Aoste pour y organiser un maquis. Si vous réussissiez à prendre contact avec lui, ce serait sans doute très précieux. Il s’agit d’une des principales familles du pays et des plus anti italiennes ».

Cette position indépendantiste d’Émile Chanoux est confirmée par l’admission de son meilleur ami, le chanoine Joseph Bréan, qui prononce ces paroles : « Après le 25 juillet 1943, nous avions demandé à Chanoux (qui était à Chambéry), des instructions pour la situation nouvelle. Il nous répondit : « Action autonomiste ouverte, action séparatiste cachée ».

Ami fraternel du chanoine Joseph Bréan et de l'abbé Joseph-Marie Trèves avec lesquels il partagea le crédo politique, Chanoux conjugue catholicisme et fédéralisme et consacra sa vie en appliquant la devise de l'abbé Trèves « Pro aris et focis » (Pour la religion et le pays).

Je tiens enfin à Le rappeler par ces quelques mots du chanoine Joseph Bréan: « il y a des noms qu’on prononce les lèvres tremblantes, les paupières humides, le cœur reconnaissant, parce qu’ils évoquent non seulement des hommes, dont on garde la mémoire, mais ils évoquent aussi et incarnent l’épopée parfois tragique, toujours dramatique et glorieuse des peuples, auxquels ces hommes ont appartenu pendant leur vie, et continuent à appartenir, après leur mort.

Emile Chanoux est un de ces noms. Ce nom évoque un nom d’une grandeur qui n’est pas ordinaire. Ce nom évoque un homme qui a incarné l’épopée Valdôtaine ».

 

Claudio Vicari pour Pays d'Aoste Souverain

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