Frères et sœurs, la fête de Noël donne sens à notre vie, qui est naturellement relation. Aristote disait que l’homme fermé sur lui-même, sans famille et sans ami, ou bien est une divinité, ou bien est un monstre. La famille est bénie par Dieu depuis le commencement.
« Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils » (Première lecture). La condition pour que la famille se fortifie est l’appel à l’amour, qui est « le lien le plus parfait » (Deuxième lecture).
L’Évangile met au centre l’obéissance de Joseph à l’ange du Seigneur, qui lui dit de prendre l’enfant et sa mère, de fuir en Égypte et d’y rester jusqu’à la mort d’Hérode.
Cette fête, qui vient juste après celle de Noël, invite les familles à vivre ensemble dans la joie, la concorde et le respect mutuel, en affrontant ensemble les difficultés, à l’image de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph.
1. Dieu a choisi de naître dans une famille
Notre Dieu n’est pas une monade fermée, sans porte ni fenêtre. Il est Famille : la Très Sainte Trinité. Dieu a choisi de naître dans une famille qui est, selon son dessein, l’image — certes imparfaite — de la famille trinitaire.
Dans la création, Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » (Gn 2,18). En envoyant son Fils dans le monde, on dirait que le Père reprend cette parole : « Il ne faut pas que mon Fils soit seul, il faut que je lui fasse une famille qui collaborera à l’œuvre du Salut. »
Ainsi, la Vierge Marie accomplit parfaitement la maternité, Joseph assume la paternité. Jésus sera appelé le fils du charpentier. L’événement de l’Incarnation devient le fondement de la dignité et de la vocation à la sainteté de la famille humaine.
Noël est, à cet effet, une fête de la foi tant personnelle que familiale. Jésus est Fils de Dieu et Fils de l’homme. Le Verbe éternel s’est fait chair dans le sein de la Vierge Marie. Comme toute conception normale, la Vierge Marie l’a porté dans son sein béni pendant neuf mois.
Sa naissance dans des conditions misérables nous montre que là où règne l’amour de Dieu, l’impossible devient possible. Dieu a choisi de naître dans une étable. Cette pauvreté, au lieu de briser l’harmonie familiale, l’a plutôt renforcée. Joseph accomplit pleinement son rôle d’époux, prenant soin de son épouse, et de père, protégeant son fils.
Dieu a pris chair dans une famille déterminée pour transformer cette institution naturelle en une vocation ouverte à la sainteté, en formant un seul corps et un seul esprit dans le Christ.
2. Là où règne l’amour, les épreuves nous fortifient
Quand nous méditons sur la vie de Marie et de Joseph, nous pensons souvent à un couple à l’écart des tracas du monde, ayant une vision claire des événements. Au contraire, la présence du Fils de Dieu ne leur a pas épargné les difficultés.
La grandeur de la Sainte Famille réside dans l’accueil des épreuves vécues ensemble, dans la compréhension réciproque, sans confusion ni mélange des rôles. Joseph assume pleinement sa mission de père, la Vierge Marie accomplit celle de mère.
Dans un premier temps, cette famille fait l’expérience du bonheur en accueillant, dans une étable — ce lieu malsain — des pasteurs et des hôtes de marque : les rois mages. Dans un second temps, elle est obligée de prendre le chemin de l’exil en Égypte, loin de sa terre et déracinée de ses traditions, à cause de l’horreur organisée par Hérode.
Ce roi sans foi ni loi, mû par l’amour de soi jusqu’à l’oubli de Dieu, commet le massacre pour faire périr le divin enfant à peine né. Mais l’amour vainc tout : omnia vincit amor.
Ces expériences fortifieront le couple, et l’enfant Jésus grandira en sagesse et en grâce. Cette manière pour Joseph et Marie d’affronter ensemble les épreuves liées à l’événement de Noël devrait éclairer de nombreux jeunes foyers, afin que les difficultés inévitables de la vie, au lieu de devenir un motif de séparation, renforcent leur union.
Cela exige l’apprentissage des vertus de Joseph — le silence et l’action pour le bien de son fils et de sa mère — ainsi que les dons de la Vierge Marie : l’écoute constante, l’obéissance sans condition à la Parole de Dieu, et la discrétion, car elle méditait dans son cœur ce qu’elle ne comprenait pas encore.
Saint Paul conseille aux familles de se revêtir de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.
3. Jésus dans la famille de Nazareth
L’ange dit à Joseph en songe : « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Même les méchants, comme Hérode, meurent.
Nous comprenons ainsi que Jésus a affronté l’existence humaine dans toute sa complexité. L’évangéliste Jean synthétise cette existence en ces mots : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. »
« Il sera appelé Nazaréen », « le fils du charpentier ». Il a appris le métier de son père adoptif, il a travaillé de ses propres mains. Il ne s’impose pas comme Fils de Dieu : il obéit aux règles et aux normes religieuses et sociales.
Il monte à Jérusalem avec ses parents pour célébrer la Pâque des Juifs, selon le livre du Deutéronome (Dt 16,16). À ce propos, Jésus dira dans le discours sur la montagne : « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17). Il ne s’écarte pas de la réalité qu’il vient transformer et transfigurer.
La Pâque rituelle deviendra sa Pâque, lorsqu’il sera l’Agneau immolé qui enlève le péché du monde. En Jésus, tout est riche de sens, mais se comprend souvent après coup. Même sa mère ne comprend pas immédiatement les actions et les réactions de son fils. La grandeur de Marie est de méditer tout cela dans son cœur.
Prière pour les familles
Seigneur Dieu, il y a des familles qui commencent à briller comme des étoiles et qui finissent dans la puanteur de l’étable. Nous te confions, Seigneur Jésus, toutes les familles qui se sont retrouvées dans la rue, sans logement, à cause de la crise économique. Fais que leur dignité et leur amour ne soient pas compromis par leur pauvreté.
Que ton Esprit d’amour réchauffe les cœurs gelés des époux séparés ou divorcés, afin qu’ils s’ouvrent au pardon et à la réconciliation.
Délivre, ô doux Jésus, du mal de la dépendance à la drogue et à d’autres pratiques inhumaines, tant de jeunes désespérés, privés de références familiales.
Vierge Marie, pose sur toutes les familles ton regard de tendresse.
Saint Joseph, toi qui as accueilli avec foi, amour et disponibilité le Fils de Dieu, inspire courage et amour sans partage à tant d’hommes, afin que leurs familles soient des foyers d’accueil des grâces divines, par le Christ notre Sauveur. Amen.
Heureuse fête de la Sainte Famille.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera











