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FEDE E RELIGIONI | 24 dicembre 2025, 12:02

Ta nuit Seigneur est ma nuit, ton étable est mon étable

Solennité de Noël 2025

Ta nuit Seigneur est ma nuit, ton étable est mon étable

L’événement de Noël embrasse tout. L’humanité entière, dans sa diversité de cultures et de croyances, chante Noël. Même l’univers cosmique est en fête. « Les montagnes et les collines poussent des cris de joie et tous les arbres de la campagne battent des mains » pour accueillir le Seigneur qui vient avec puissance et majesté (Is 55,12).

Pourtant, Dieu a choisi la voie de l’humilité. « Quand les temps furent accomplis, Dieu choisit de naître d’une femme » pendant la nuit. Il est accueilli par les animaux d’une étable. Pourquoi Dieu a-t-il choisi de naître pendant la nuit, dans une étable, au temps du recensement ? Est-ce une simple coïncidence, un pur hasard, ou bien tout dépend-il de Celui qui siège dans les hauteurs, qui tient en main les profondeurs de la terre et à qui appartiennent les sommets des montagnes ?

Deux aspects de ce mystère admirable et adorable retiennent mon attention dans cette simple méditation : la nuit et l’étable.

1. Naissance dans la nuit

Est-il nécessaire de nous interroger sur le pourquoi de la naissance de Jésus dans la nuit ? Nous ne voulons pas nous attarder sur la véracité ou non du temps chronologique de sa naissance, ni sur l’heure précise où la Vierge Marie a mis au monde le Sauveur.

Néanmoins, la nuit de Noël est chantée dans toutes les langues comme une « Sainte nuit », « Holy night », « Weihnacht », « Ijoro ryeranda », « Santa notte ».

Si nous lisons attentivement les Saintes Écritures, les grands événements de notre salut se sont déroulés dans la nuit. Bruno Forte, théologien italien, parle de quatre nuits pour notre salut : la nuit de la Création, de l’Exode, de Noël et de la Résurrection du Christ.

La création est le passage du chaos à l’ordre. L’auteur sacré dit : « Il y eut un soir et il y eut un matin ». La nuit devient une transition vers un nouveau jour, riche de la bénédiction du Créateur. Le psaume 19 le dit clairement : « La nuit à la nuit transmet le message de Dieu ».

Deux nuits n’ont pas de témoins oculaires : la Création et la Résurrection. Les événements fondamentaux de notre vie, tant personnelle que collective, se font dans la nuit. Pourquoi la nuit ?

2. Le double visage de la nuit

La nuit, selon Karl Rahner, a un double aspect, un double sens. Elle possède un caractère ambigu.

La nuit n’est pas seulement extérieure et physique, elle a aussi une dimension intérieure, comme nous en faisons souvent l’expérience. On parle de la nuit de la foi lorsqu’un croyant, après avoir fait preuve de son amour pour Dieu, commence à douter, pensant peut-être s’être trompé. Les grands saints ont traversé cette nuit de l’épreuve.

Il y a la nuit du découragement, où tout est ténèbres, sans goût et donc sans sens. Dans cette nuit, ce que l’homme a été — ses titres, ses richesses, ses ambitions — ne compte plus. Il se sent plus contrôlé que contrôleur. Les dépressions mélancoliques sont des nuits existentielles, semblables à une mort vitale dans la vie mortelle. Dans cette nuit du désespoir, tout est incertain, sauf la mort, selon saint Augustin.

Sur le plan religieux, la nuit n’est pas seulement le temps du péché et de l’incrédulité : elle est aussi le temps de Dieu qui vient visiter son peuple. Les grandes décisions de la vie se prennent dans la nuit. Le philosophe Hegel écrit que « l’oiseau de Minerve prend son vol dans la nuit ». Maurice Blondel affirme également que « la fécondation se fait dans la nuit », car aucun homme n’est maître du mystère de la vie.

Sur le plan du témoignage, les chrétiens sont appelés à devenir des fils du jour, à combattre la somnolence, à veiller pour accueillir l’Époux qui vient dans la nuit ou le Juge de l’univers qui viendra comme un voleur dans la nuit. Jésus, Juge universel de l’histoire, est né dans la nuit pour transformer nos nuits en lumière de joie et de paix. Il existe un lien profond entre le choix de la nuit et la naissance dans une étable.

3. Ton étable Seigneur est mon étable

Ce qui crée mon émerveillement devant ce mystère de Noël, c’est le choix du Fils de Dieu de naître dans une étable, lieu sans éclat ni décor. Saint Paul résume ce choix en disant : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort » (1 Co 1,27).

Une salle sale, réservée aux bêtes, est honorée par le Roi de l’univers et Maître de l’histoire, proclamé par le psalmiste comme « le plus beau des enfants de l’homme, le béni de Dieu à jamais » (Ps 44,3). Mais qui peut le plus peut le moins. Dieu, qui dispose de tout, n’est empêché par rien de naître où il veut.

Ne trouvant pas une chambre digne d’un roi dans les auberges humaines à cause de notre égoïsme, il aurait pu transformer la grotte de Bethléem en un palais luxueux d’une splendeur incomparable. Mais il refuse de jouer la comédie. Il aurait agi comme nous. Il a librement choisi, et continue de choisir, le chemin de l’humilité jusqu’à l’extrême humiliation de la croix.

Quel est alors le sens de la grotte pour nous, frères et sœurs ?

Stefan Wyszyński répond :
« Ô Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’homme, si tu n’as pas trouvé de place dans une auberge, c’est parce que tu devais chercher… une étable. Et ainsi tu es entré dans “mon étable”. En réalité, tu n’avais aucun devoir, car tu n’agis que par l’Amour que tu es toi-même. C’est l’amour qui t’a conduit à l’étable, ou plutôt c’est par amour que tu as choisi l’étable, pour en faire — pour moi et pour chaque être humain — un temple. »

Cette observation profonde est riche d’implications spirituelles et morales pour le respect de la dignité de chaque personne. Chacun de nous est une étable vivante. À l’intérieur de mon cœur, plus vaste que le monde, plus grand que tous les univers et plus profond que tous les abîmes, il existe un coin obscur, dégoûtant, plein d’ordures. Jésus a choisi de naître là. C’est ma grotte, c’est mon étable.

Selon sainte Thérèse de Lisieux, le lieu de rencontre avec le Verbe fait chair est celui où l’abondance du péché est embrassée par la surabondance de la miséricorde. Ce lieu est l’étable, mon étable intérieure.

Adorons donc Jésus qui dort dans nos étables, car sans sa présence « tout homme n’est que mensonge » (Ps 115,11). La dignité de chaque personne tire sa source de cet amour qui rejoint tout homme, même dans ses coins obscurs.

4. Prière de remerciement avec le cardinal Wyszyński

« Ô Jésus, je désire te remercier car :
Tu existes,
Tu es le Verbe,
Tu es le Fils du Père,
Tu as choisi de te faire homme dans le sein de la Vierge Marie,
Tu as choisi de dormir dans une crèche de Bethléem,
Tu t’es manifesté aux pasteurs et aux Rois mages.

Je désire te regarder, te suivre pas à pas partout où tu es.
Veille sur moi, afin que je ne pense qu’à toi seul quand tu entres dans ma maison, dans mon étable. »

Jésus, doux et humble de cœur, aie pitié de moi pour mes instincts de grandeur.
Donne-moi un cœur de pauvre comme les pasteurs qui, dans leur simplicité, te contemplent et comprennent que tu es le Fils de Dieu.

Saint Joseph, serviteur fidèle, intercède pour moi afin que tout ce que je suis et tout ce que j’ai soit au service du pauvre, à qui le Fils du Très-Haut s’est identifié.

Vierge Marie, toi qui as conçu et mis au monde Celui qui t’a créée, intercède pour nous afin que nos cœurs soient des crèches vivantes, sensibles aux pauvres sans-abri. Amen.

Heureuse fête de Noël, frères et sœurs.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.

Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera

ascova

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