Avec ce dernier dimanche, nous aimerions confronter les attitudes de deux hommes, Acaz et Joseph, envers le messager de la Bonne Nouvelle. Tandis qu’Acaz est méfiant et cherche des échappatoires, Joseph est décrit comme un homme sage, humble, fidèle et obéissant à la Parole de Dieu.
L’ange, s’adressant à Joseph, dit : « Ne crains pas de prendre Marie chez toi, ton épouse. » Le mariage de Joseph et Marie est ainsi célébré par l’ange Gabriel à ce moment-là. La justice, l’attention, le silence et l’obéissance de Joseph nous éclairent dans nos prises de décision pour notre propre vie et pour celle des autres. En lui, il n’y a rien de faussé.
1. L’HYPOCRISIE DU ROI ACAZ
Le mot « hypocrisie », dans sa racine grecque hupókrisis, signifie faire semblant, dissimuler, avoir un double langage, feindre. La parole d’un hypocrite n’est pas crédible. Comme l’écrivait Albert Einstein : « Dieu ne joue pas aux dés. » Tout suit un plan providentiel immense qui nous échappe.
L’hypocrisie du roi consiste à vouloir soigner le paraître plutôt que l’être. Il se présente comme un homme religieux et pieux, qui ne veut pas mettre le Seigneur à l’épreuve. En réalité, il cache son incrédulité. Il ne se fie pas à la parole de l’envoyé de Dieu alors même qu’il se trouve dans une position de faiblesse : sa royauté est en train de décliner.
Pour assurer sa stabilité, il cherche à conclure de fausses alliances avec des puissances païennes. Or cette décision offense Dieu. C’est dans ces circonstances de crise politique que le Seigneur envoie le prophète Isaïe auprès d’Acaz pour lui annoncer cette Bonne Nouvelle :
« Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. »
Le psaume 138 montre que Dieu est présent partout, dans les hauteurs comme au fond de l’abîme. Il vient visiter le roi déprimé dans sa condition de misère afin de changer son deuil en danse de joie (Ps 29). Acaz refuse ce don en faisant semblant de ne pas vouloir déranger le Seigneur.
La réponse d’Acaz, qui révèle sa mesquinerie, irrite le prophète, qui lui dit :
« Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : faut-il encore que vous fatiguiez mon Dieu ? »
L’incrédulité de l’homme n’empêche pas la réalisation de la volonté de Dieu pour ses enfants. Le Seigneur prend lui-même la décision d’envoyer son Fils, Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous ».
Dans notre vie, évitons de fatiguer Dieu et les autres. Imitons l’attitude de Joseph.
2. JOSEPH, SERVITEUR FIDÈLE
Les circonstances dans lesquelles l’ange trouve Joseph pour lui annoncer sa nouvelle vocation sont dramatiques. On peut dire que Joseph est comme assis entre deux chaises, face à une situation étrange concernant sa fiancée Marie. Sa nuit est opaque. Il ne dort pas, il est agité, il s’interroge.
Il opte pour le renoncement au mariage avec Marie, mais en secret. Ce qui accroît encore son étonnement et son embarras, c’est que Marie ne craint pas. Elle est toute belle (tota pulchra), rayonnante, joyeuse, sans aucune inquiétude, alors que la loi de Moïse est sévère envers ces femmes-là.
Au moment où le Verbe continue de se développer visiblement dans son sein béni, Marie vit aussi dans le sein de Dieu. Le mot « sein », en grec kolpon, signifie « intimité, manteau ». Marie vit dans l’intimité avec Dieu sans craindre les décisions des hommes.
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » s’interroge saint Paul.
Seule Élisabeth connaît ce secret mystérieux : la jeune fille de Nazareth est « la mère de son Sauveur ». Peut-être Marie a-t-elle communiqué cette vérité sublime à Joseph (l’Évangile ne le dit pas). Mais face à une information saturée de sens, Joseph ne comprend pas d’emblée. Il est bouleversé, déçu, au point de vouloir renoncer au projet de mariage en secret pour protéger Marie de la peine de mort.
C’est dans cette nuit de la foi qu’intervient Dieu par l’ange Gabriel. Dieu ne laisse jamais son serviteur dans les ténèbres du doute.
3. JOSEPH, NE CRAINS PAS
Joseph aime Marie d’un amour sans partage. Matthieu écrit :
« Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. »
La conscience (syneidésis) signifie « considérer ensemble » les formes et les idées. La conscience de Joseph est sans malice : elle est réfléchie, droite, juste et bonne. La justice exigerait de renvoyer son épouse apparemment infidèle ; la bonté consiste à préserver sa vie en évitant de l’humilier publiquement.
La justice de Joseph n’est pas arbitraire. Elle dépasse la loi de nature marquée par l’instinct de violence et de vengeance.
Dans son plan d’amour, Dieu n’abandonne pas son serviteur plongé dans une situation sans réponse. L’ange intervient pour lui révéler le projet divin qui va bouleverser toute sa vie :
« L’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : “Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint.” »
À cet instant, Joseph reçoit une mission qui l’élève vers des hauteurs humainement inaccessibles. Il devient le père du Fils du Très-Haut, avec le privilège de lui donner le nom de Jésus, c’est-à-dire « le Seigneur sauve ». Donner le nom signifie entrer en possession de ce que l’on nomme. Sur le plan civil et social, Joseph est le père de Jésus. Les habitants de Nazareth appelleront Jésus « le fils du charpentier ».
4. PRIÈRE POUR LE DON DE L’ÉCOUTE
Seigneur Dieu, riche en miséricorde,
nous te louons et nous te bénissons
pour nous avoir donné saint Joseph
comme modèle d’humilité, de discernement,
d’écoute, de silence, d’obéissance,
de décision et d’action.
Quand nous vivons dans la nuit du doute,
quand notre conscience est confuse,
donne-nous ta lumière
pour discerner ce que tu veux,
afin que nos décisions ne soient pas mues
par notre amour-propre,
mais conformes à ta volonté.
Saint Joseph, prie pour nous. Amen.
Bon dimanche, frères et sœurs.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera










