Les bienfaits de l’Autonomie
En tant que citoyen de Torgnon, habitant des terres hautes et administrateur public, je m’interroge souvent sur l’avenir de la montagne et sur les changements, aussi bien climatiques qu’économiques et sociaux, qui sont en train de transformer cet habitat sensible.
Et je cite expressément le mot « habitat » dans le sens de peuplement de la part de l’homme du milieu où il vit, avec tous les aspects, positifs et négatifs, liés à celle que je définirais une sorte d’occupation pacifique du territoire. Pacifique, et donc responsable et équilibrée.
C’est sur ce point que se jouent les défis majeurs de l’avenir de la montagne et, de ce fait, du futur de la communauté valdôtaine. Ce sont des enjeux politiques et économiques difficiles, mais pas impossibles, où l’administration régionale et les collectivités locales joueront un rôle déterminant et fondamental.
Les points de force sont plusieurs, ainsi que nombreuses les criticités, dues à certains choix du passé, mais également à des éléments nouveaux tels que le changement climatique et les effets de la globalisation.
Je partirai de la baisse démographique, un problème qui sévit dans l’Europe entière mais qui se fait plus pressant dans les petites réalités comme la nôtre.
Une alliance entre public et privé s’avère nécessaire pour créer des conditions de vie qui puissent être attrayantes, afin de garder sur place les autochtones et favoriser l’implantation stable d’individus et de familles venant de l’extérieur.
Il faut avant tout réduire les coûts avec des soutiens publics, et garantir les services primaires dans les vallées, en facilitant l’accès aux services généraux situés dans les localités de la vallée centrale.
Car une leçon que nous devons tirer de la pandémie de Covid est sûrement celle de garantir la qualité de la vie des citoyens au quotidien.
Et l’Autonomie de notre région est le principal instrument nous permettant de donner les réponses adéquates dans tous les domaines.
Le nouveau Plan des transports devra accroître l’utilisation des moyens publics : moins de voitures, moins de trafic et moins de pollution ; plus de facilité de déplacement pour les travailleurs entre la moyenne montagne – où le coût de la vie est plus accessible – et la haute montagne, où les places de travail stables augmentent au fur et à mesure que les saisons touristiques s’allongent.
Et là, il faut faire un passage sur les sports d’hiver, qui ont fait enregistrer une hausse des pratiquants, notamment des Valdôtains qui, grâce aux tarifs spéciaux soutenus par la Région, ont eu envie de recommencer à fréquenter les pistes enneigées, avec des retombées positives en termes de bien-être de la personne, de connaissance du territoire et de vitalité sociale.
Je le considère comme un autre bienfait de l’Autonomie.
Certes, les gros chiffres sont garantis par le ski alpin, mais le ski de fond, sur un territoire comme celui de la Vallée d’Aoste, pour des motivations salutaires, environnementales et une approche plus « slow », a toutes les possibilités de conquérir de nouveaux adeptes et de contribuer à atteindre ce fameux « équilibre » que je citais auparavant.
Pour ce faire, il faut toutefois qu’il y ait une synergie entre la saison d’hiver et l’été, entre la haute et la moyenne montagne, susceptible – cette dernière – d’offrir des facteurs ludiques et culturels complémentaires, outre que des conditions économiques plus favorables.
Le savoir-faire humain, l’art fromager, la gastronomie, la culture de la vigne et des produits de l’agriculture, fruits et légumes de qualité : ce sont tous des éléments à promouvoir en douceur, naturellement, sans l’exaspération du Made in VdA à tout prix, mais avec un orgueil mesuré et, là aussi, sous le chapeau de l’Autonomie.
Enfin, pour revenir à la notion d’équilibre qui me tient à cœur, nous ne pouvons faire abstraction de l’élément principal : l’être humain.
Nous ne devons pas oublier que celles que l’on définit comme « masse critique », « force de travail » ou encore « capital humain » ne sont pas des ensembles inanimés, mais bel et bien des individus qui respirent, vivent, ont des projets, des aspirations et une dignité.
L’accueil de personnes, de familles, faisant le choix de s’établir toute l’année en montagne – haute ou moyenne – est déterminant afin de garantir un modèle de développement équilibré, en sachant toujours qu’il s’agit de prendre des décisions politiques en vertu de notre Autonomie.
Le plan de l’urbanisation aussi est important, et nous revient en termes de choix politiques : c’est à nous, Valdôtains, de savoir sauvegarder le patrimoine architectural, son authenticité, ses professions, ainsi que l’artisanat et la culture de l’hospitalité touristique dans une région alpine qui cultive la tradition et s’ouvre à la modernité.
Une communauté vivante, solidaire, participative, orgueilleuse de ses particularités et attentive à son territoire est une communauté qui regarde au futur avec plus de sérénité, et qui s’engage dans la création d’un système équilibré, d’un habitat meilleur et de nouvelles opportunités – utiles pour ses membres d’abord, mais attrayantes aussi pour les personnes provenant de l’extérieur, touristes y compris.
C’est à nous tous, et à l’Union Valdôtaine renouvelée, ouverte et pluraliste, de savoir recueillir les défis du temps présent, en valorisant les droits, les devoirs et les compétences d’une Autonomie qu’il serait une erreur de considérer acquise pour toujours, mais que nous devons savoir exercer dans toutes les circonstances avec attention et responsabilité.












