L’année 2025 s’évanouit dans la grande nuit du passé de notre histoire. Elle ne retournera plus. Ce qui reste pour les vivants est le souvenir de ce que nous avons fait ou subi, ou bien de ce que nous n’avons pas fait et dont l’omission aurait blessé le prochain.
C’est le moment de rendre grâce pour le bien accompli et reçu, sans oublier de demander humblement pardon pour les offenses commises, au lieu de présenter nos défenses pour notre autojustification.
L’aube nouvelle pointe à l’horizon avec cette nouvelle année 2026. Ce qu’elle sera nous échappe ; ce qui est à notre portée est ce présent qui s’en va. Cette année qui passe, c’est nous, car le temps est avant tout spirituel avant d’être chronométrique.
Saint Augustin dit :
« Ce n’est pas le temps que je mesure, c’est mon âme que je mesure en mesurant le temps. »
Nos jours passent et nous nous envolons. Jésus nous fait un clin d’œil en nous disant :
« À chaque jour suffit sa peine » (Mt 6,34).
Nous passons à chaque instant et nous nous renouvelons au fil du temps. Vivons donc intensément ce temps présent, qui est un temps de grâce, en excellant dans le bien et en répandant, là où nous sommes, le parfum de la joie, qui est l’explosion de l’espérance.
Cette aurore du Nouvel An, cette douce lumière qui éclaire sans éblouir, est en nous, et ce que nous en ferons dépend de nous. Dieu veut la paix pour nous tous, mais l’amour de soi jusqu’à l’oubli de Dieu nous plonge dans la guerre. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous de la lumière du Seigneur (Rm 13,12-14).
Rendons grâce à Dieu, lui le maître du temps, afin qu’il transforme nos ténèbres en une lumière admirable de paix, de joie, de pardon et de réconciliation, et que le bruit des drones de feu dévastateur soit transformé en une hymne de joie pour la paix retrouvée.
Demandons la grâce au Seigneur
« de nous rassasier de son amour au matin, pour que nous passions nos jours dans la joie et les chants » (Ps 89,2).
Notre vie est un don, et le propre du don est de se donner aux autres, car l’homme n’est homme que parmi les hommes. Saint Paul confirme cette dimension relationnelle, verticale et horizontale, de l’homme en disant :
« Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur » (Rm 14,8).
« Dieu nous a faits et nous sommes à lui, nous son peuple et son troupeau » (Ps 99,3).
Chacun est appelé à faire de son mieux pour participer à édifier un monde d’amour où chacun soit respecté tel qu’il est. Nous avons donc une lourde responsabilité : transformer l’horreur de la guerre en une nouvelle aurore de la paix pour tous.
Chacun est appelé à être une pierre vivante pour la construction de la civilisation de l’amour, car, selon les belles paroles de saint Augustin,
« Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. »
Rêvons avec Kant d’un monde de « l’impossibilité de la guerre et de l’inévitabilité de la paix », pour nous libérer de la guerre de tous contre tous. Mais il faut bien rêver les yeux ouverts pour ne pas être des illusionnistes ou des utopistes. Comment réaliser ce rêve ?
Le psalmiste nous aide à relever ce défi par cette prière :
« J’écoute ce que Dieu dit. Le Seigneur promet la paix à son peuple, à ses amis fidèles. Mais qu’ils ne reviennent pas à leur folie » (Ps 84,9).
Ce psaume est toujours d’actualité, surtout en notre temps où la folie meurtrière se répand comme une forêt qui brûle sans sapeurs-pompiers. Contemplons la paix de Dieu dans une mangeoire et apprenons l’humilité pour une humanité digne de son nom.
L’aurore de la paix n’est pas une idée abstraite. C’est le Christ Jésus, notre paix, qui est la lumière qui chasse l’obscurité.
Rends-nous, Seigneur, des veilleurs qui attendent et guettent l’irruption de l’aurore de la paix, venant vaincre l’horreur de la barbarie de notre temps.
« Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s’illumine pour nous et nous serons sauvés » (Ps 66,2).
« Vivez dans la paix et le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous » (2 Co 13,11).
« Que votre joie soit pleine » (Jn 15,11).
Heureuse année nouvelle 2026.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera











