Nous sommes réalistes et nous nous rendons compte que le français ne joue plus le rôle qui lui a été attribué par l'Histoire et que le Statut d'Autonomie lui a reconnu après les persécutions fascistes. La responsabilité de cette situation est partagée : la politique, l'école, le clergé, les médias et les valdôtains tous, de souche et d’adoption.
Cependant, personne ne peut nier que la langue française est la langue de notre Pays depuis 1535 et que ce fait est à l’origine de la place que lui réservent la Constitution italienne, le Statut spécial de la Vallée d'Aoste et toutes les lois qui en découlent, y comprises celles qui règlent l’indemnité de bilinguisme. Il nous paraît singulier, en effet, que nombreux gens acceptent avec bonhomie de recevoir chaque mois cette indemnité pour finalement se revendiquer d'un monolinguisme assumé!
Et pourtant, si la Vallée d'Aoste, après la deuxième guerre mondiale, a réussi à se hisser à un enviable niveau culturel et économique, c'est avant tout grâce à son autonomie et à son particularisme linguistique. De plus, la Vallée d'Aoste peut également se réclamer d'appartenir à l'immense espace francophone. Elle a tout à gagner à être un collant entre l'Italie et la Francophonie mondiale, surtout dans une période de crise à tous les niveaux.
Le français n'est plus parlé? Eh bien œuvrons dans notre quotidien par des actions concrètes pour faire en sorte qu'il le soit à nouveau. Bien entendu, il faut donner du temps au temps. Mais agissons ensemble durablement et sûrement pour le promouvoir et non pas pour funestement l'enterrer: en cas contraire, mieux vaudrait donner le bon exemple, rendre l’argent de l’indemnité et éviter d’employer le français aussi dans le nom des mouvements politiques dont on est le porte-parole!
Enfin, il mérite de rappeler que le français est avant tout une chance et un enrichissement pour les Valdôtains, d'autant plus qu'il est universellement reconnu que l'apprentissage de deux langues favorise l'apprentissage d'autres langues et développe l'esprit et la raison de l'individu.
Il s'agit donc de favoriser la diffusion de l’usage du français dans tous les domaines de la vie quotidienne, avec cohérence et constance, ainsi que d’exiger, de la part des personnes prétendant représenter un peuple, qu'ils donnent l'exemple et respectent les traditions de ce même peuple.
Paolo Papone - Académie Saint-Anselme
Albino Impérial - Association valdôtaine archives sonores
César Dujany - Centre culturel Abbé Trèves
Alessandro Celi - Comité des Traditions Valdôtaines
François Stévenin - Union de la Presse Francophone