Qu'est ce que l'avent pour nous? Quelles sont les exigences de l'avent? L'avent est vécu intensément aujourd'hui. L'avent est donc une attitude, un style de vie, une éthique (êthos), une philosophie de l'attente. C'est dans le présent, mon présent et notre présent qui est le lieu de cette attente dans l'espérance de la réalisation de la promesse de Dieu qui ne peut se tromper ni nous tromper. La parole du Christ n'est une évasion à ce monde, mais une Bonne Nouvelle pour illuminer notre présent et répondre à l'aspiration qui touche et inquiète tout homme et tout l'homme.
1. ANALOGIE DE LA VIE AVEC LE LIVRE.
En ce premier dimanche de l'avent, nous ouvrons la première page de l'année liturgique B, dans le missel et dans le lectionnaire. Cette première page est symbolique. Notre vie est comme ce missel et ce lectionnaire. Certains philosophes comme Galileo Galilei et Leibniz comparent la vie à une encyclopédie où le livre dans sa totalité ne peut pas exister sans les petits détails qui sont les lettres, les phrases, les points de coordination, les mots de transition. Notre vie a aussi une logique grammaticale qui unit le rationnel et l'irationnel. Pour arriver à la dernière page du livre, il faut commencer par la première.
Selon, Galilée, la nature est un grand livre de Dieu écrit dans un langage mathématique, tandis que la parole de Dieu est écrite avec les lettres de l'alphabet. Même notre vie est plus grande que le monde, une véritable encyclopédie qu'on ne finit pas de lire, écrite avec l'alphabet que Dieu seul connaît. Il faut l'amour pour en comprendre le contenu. Comme il n'y a pas d'encyclopédie sans les pages singulières, il n' y a pas non plus une année sans les mois, sans les jours, sans les heures, sans les minutes... Cette première page de l'année liturgique est fondamentale pour chacun de nous.
Progressivement, dans la certitude mêlée avec l'incertitude, nous espérons conclure cette année nouvelle, dans la paix et dans l'allégresse. Mais, il faut bien lire cette première page en relisant aussi notre page de la vie en ce jour du Seigneur. Dans le livre de nos vies, chaque page est particulière. Il y a des pages sombres, pleines de ratures, des pages presques vides de stérilité spirituelle, des pages qui expriment notre découragement, des pages sombres, d'autres plus ou moins claires qui reflètent nos petits bonheurs de réussite momentanée. Chaque fois que j'ouvre le missel et le livre des saintes Écritures, je m'y retrouve. Avec cette analogie du livre et de la vie, Je vous souhaite chers frères et soeurs un bon début de l'année liturgique B, avec ce temps de grâce, d'espérance et d'attente.
2. AH SI TU DÉCHIRAIS LES CIEUX ET DESCENDAIS.
La première lecture exprime les pages obscures de l'existence humaine où l'homme sans la grâce sent la pesanteur de l'âme, l'insupportable solitude sans Dieu. Le Trito-Isaïe confesse cette douleur de l'homme abbandonné à lui-même et reconnaît les raisons de la prise de distance de Dieu. C'est le péché, la dureté du coeur, qui est la cause de cet éloignement de Dieu.
Le prophète, en reconnaissant ce péché collectif de son peuple, prie pour que le Seigneur ait pitié. Les verbes de mouvement dominent dans cette prière. Les verbes "descendre", "revenir", "venir" occupent une place centrale dans cette prière. La prière comporte trois parties. La première est la reconnaissance de la paternité de Dieu, la seconde est l'éloignement de Dieu et la troisième, la conscience du péché.
La prière commence par l'évocation du lien intime entre Dieu et son peuple: "Seigneur, tu es notre Père, de toujours à toujours, nous t'appelons notre Rédempteur". La conclusion reprend ces paroles en ajoutant: "Mais Seigneur tu es notre Père, nous sommes l'argile. C'est toi qui nous as faits et nous sommes l'oeuvre de tes mains".
Sur le plan méthodologique, notre prière devrait commencer par la reconnaissance que Dieu est notre Père, que nous sommes le fruit de ses mains, afin de reconnaître notre condition pécamineuse comme le fils prodigue. Ce n'est pas Dieu qui s'éloigne de nous, mais c'est nous qui agissons comme de rebelles envers Lui. La seconde étappe est la reconnaissance de notre responsabilité. Dans le péché collectif, même le prophète y est impliqué en utilisant le pronom personnel "nous" et l'adjectif possessif "nos".
Pendant cette période de l'avent, nous attendons le Seigneur qui nous attend pour nous embrasser d'un amour tendre. Cette première lecture nous indique comment attendre le Seigneur à travers la conversion de notre coeur, la correction de nos pages pleines de fautes, surtout le retour de la confiance de l'enfant envers son Père. Tu es Seigneur notre Père, nous sommes comme l'argile dans tes mains.
3. LA VIGILANCE ET L'ESPÉRANCE.
Pendant ces trois semaines, de l'avent, l'Évangile de Marc va nous accompagner dans cette attente et dans cette marche vers Noël et nous propose le thème de la "vigilance".
La vigilance change nos mauvais comportements, dans la mesure où qui veille renonce à ces mauvaises habitudes comme la somnolence, l'ivresse, l'intempérence, afin de rester lucide dans la nuit. Il y a deux forme de vigilance: l'attente d'un éventuel ennemi pour l'empêcher de nuire, de détruire, de voler. Cette attente dangéreuse recommande l'armément solide.
La vigilance chrétienne exige le port des armes comme les vertus cardinales et théologales pour contrecarrer les assauts de notre Accusateur, qui nous accuse jour et nuit. La seconde aspect de vigilance qui est agréable mais exigeante, est l'attente de l'époux, l'attente du Seigneur dans l'espérance. Nous ne savons ni le jour ni l'heure de sa venue, mais nous sommes confiants que la promesse sera réalisée. L'évangéliste Marc et saint Paul nous exhortent de rester éveiller non dans l'oisiveté, mais en agissant.
Pendant ce moment favorable de l'avent, évitons de nous comporter comme les vierges insensées. Attendons le Seigneur dans la prière et dans les oeuvres de charité, car les voies du Seigneur sont insodables.
4. PRIÈRE POUR NOTRE CONVERSION
Dieu notre Père fait nous revenir. Que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés.
Nous nous sommes éloignés de toi. Ce qui est mal à tes yeux nous l'avons fait. Ne nous traite pas Seigneur selon nos offense. Nous sommes fragiles, nous sommes argile. Mais toi Seigneur, tu es le potier pour nous modeler avec ta main puissante.
Fais-nous revenir, que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés, amen.
Bon dimanche de l'avent.
Paix et joie dans nos coeurs et dans le monde.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera.