Chers aimés de Dieu, le quatrième dimanche de carême est appelé "laetare". Nous nous réjouissons parce que la Pâques est proche. La parabole du fils prodigue nous invite à entrer dans la joie du père, car "il était mort et il est revenu à la vie, il était perdu, et il est retrouvé". Sommes-nous comme le fils prodigue? Comme le fils aîné ou comme le père miséricordieux?
1. LA MISÉRICORDE AU-DELÀ DE LA JUSTICE.
Le thème fondamental dans Cet évangile est la miséricorde Dieu, personnifiée dans la figure du père qui pardonne son fils cadet et se réconcilie avec le fils aîné. La miséricorde dans la langue hébraïque « hesed », signifie les entrailles, le cœur, l'intériorité. Dans la langue latine, la miséricorde, « misericordia » signifie la « misère du cœur ». Dieu plein de tendresse et de pitié ne nous traite pas selon nos offenses.
Il contraste avec l'image de Dieu des païens qui conçoivent un Dieu loin de l'homme, qui peut aimer le monde dans sa totalité, non dans ses parties. Le Dieu de Jésus Christ contrairement à la "Pensée de la pensée" selon Aristote, descend, aime, pardonne, va à la recherche de la brebis égarée, réconcilie le monde avec lui(deuxième lecture), car la gloire de Dieu c'est l'homme vivant, selon saint Irénée.
2. LES CARACTÈRES DES DEUX FILS.
Jésus nous présente une famille bizzarre composée d'un père bon, apparamment naïf et deux fils en situation de conflictualité. Dans cette famille, la mère est absente. Nous ne savons pas si les deux fils étaient orphelins de mère. Romano Guardini dit justement que "la vérité exprimée dans la parabole est comme un ensemble de sons avec des tons principaux et secondaires". La parabole est souvent obscure, imprécise et nécessite l'explication.
Au niveau du caractère, nous nous rendons compte que le fils cadet est ouvert, superficiel, ne prend rien au sérieux, amoureux de l'ambiance. Cela justifie son exigence d'une partie de son héritage pour aller jouir de sa jeunesse loin des tracas et des ordres familiaux. Il ne demande pas, mais exige. Sans s'en rendre compte, il devient patricide, car l'hérédité s'obtient après la mort du père. L’Evangéliste Luc précise que le fils, après avoir rassemblé son avoir, « partit pour un pays lointain, où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre ».
Le pays lointain, le royaume du désordre est en moi. Saint Augustin écrit:«mon amour est mon poids" (pondus meum amor meus. Conf.XIII,9). Augustin dit que la mesure du mouvement et du temps est ce que nous aimons. «L'amour me meut où je me meus. Il suffit de voir où il me conduit et on comprend de quel amour il s’agit» (Conf.XIII,9).
Qu'en est-il du fils aîné? Si le fils cadet est patricide, le fils aîné est fratricide. Il dévoile ce qu'il est vers la conclusion. C'est un calculateur, fermé, timide, mais une timidité mêlée avec l'hypocrisie. Il se comporte en mercenaire dans la maison du père. L'un va loin du père et l'autre reste à la maison sans être avec le père. Il n'aime ni le père, ni le frère.
3. LA MÉDIATION DU PÈRE.
Le comportement du père harmonise bien la justice et l'amour.
Quand le fils prodigue revient après son errance et sa déchéance, le père plein de joie n'écoute même pas le discours de sa confession. Il a pitié, court, l'embrasse et le couvre de baiser. Le fils avait renoncé à son droit d’enfant pour demander le privilège d’être traité comme un esclave, et voilà qu’il reçoit un anneau princier dans un climat de fête. Cependant, le fils aîné, jaloux, égoiste refuse d'entrer dans la salle du banquet.
Le père console ce fils mécontent en lui rassurant que tout le trésor de la maison lui appartient. Toutefois, le père fait comprendre à ce fils amoureux des biens que celui qui était mort revenu à la vie, est son frère. Au reproche "Ton fils que voilà", Le Père répond:"Ton frère que voila".
Cet évangile nous concerne tous. Il ne suffit pas de rester irréprochable dans la maison de Dieu, comme le fils aîné, pour se considérer comme méritoire de sa grâce. Dieu nous traite avec amour et non avec justice vindicative.
4. PRIÈRE POUR LE DON DE LA FRATERNITÉ.
Dieu de miséricorde, lent à la colère, qui nous accueille telle que nous sommes dans ta maison. Donne-nous un coeur nouveau, libre devant les richesses qui nous séparent de toi, de nos frères et soeurs.
Pardonne-nous pour avoir maltraité les autres à cause de la jalousie et de l'amour de soi jusqu'à t'oublier. Donne-nous la joie d'accueillir un frère perdu et retrouvé. Rends-nous des flambeau de la paix en ce temps où la peur de la troisième guerre mondiale envahit les coeurs de tes enfants. Amen.
Bon cheminement vers la pâques du Seigneur.
Paix et joie dans le monde.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera.