L'originalité du christianisme par rapport aux autres religions est la foi en Dieu sensible au coeur selon Blaise Pascal. La première lecture nous donne les raisons de nous réjouir. Dieu se réjouit pour nous. Dans l'attente de sa venue, saint Paul nous exhorte de rester dans la joie. L'évangile nous rappelle la loi de la charité dans la mesure où celui qui est égoiste, injuste peut se remplir l'estomac, mais il ne sera jamais joyeux.
1. La joie de Dieu pour l'homme.
Le prophète Sophonie annonce la joie de Dieu pour l'homme réconcilié avec des paroles émouvantes: "Dieu aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour; il exultera pour toi et se réjouira, comme aux jours de fête". Quelles paroles riches de promesse et d'espérance!
Selon saint Thomas d'Aquin dans "Les passions de l'âme", la joie est l'unité de l'âme avec le bien désiré. La tristesse, la souffrance et la douleur sont les expressions de la perte ou l'éloignement de ce bien.
Dieu est triste quand l'homme se détourne de lui. "Il y a plus de joie au ciel quand un seul pécheur se convertit", dit le Seigneur.
Contrairement au Moteur immobile d'Aristote qui meut tout sans être mû, notre Dieu meut tout l'univers et se meut lui-même vers nous (saint Augustin, De l'ordre, I,10,29). L'incarnation de son Fils dans l'histoire est l'expression de cet amour infini qui descend pour venir renouveller l'homme, laver ses souillures et lever les sanctions qui pesaient sur lui. La question de saint Anselme "Cur Deus homo" (pourquoi Dieu s'est fait homme) trouve dans cette première lecture la réponse adéquate: Dieu vient donner l'amnistie à l'homme pour se réjouir avec lui.
2. Bondis de joie de tout ton coeur.
Nous sommes dans un monde où la joie tend à diminuer et la tristesse augmenter. Si nous mettons au coeur de notre vie l'argent (Pecunia), nous perdons ce don de la joie qui vient de Dieu.
La joie inauthentique est confondue avec la jouissance de l'instant, le "carpe diem", qui est le signe déjà du manque d'espérance dans le bonheur du ciel qui seul, peut vraiment rassasier l'homme de joie. Jésus dit à ceux qui veulent inscrire leur nom sur la terre des mortels: "Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?"
La joie dans le Seigneur est enracinée dans la vocation à l'éternité. L'homme comme une flèche avancée, marche sur les bout des pieds, les mains et les yeux levés vers ciel. Les choses de ce monde peuvent nous donner juste un peu de satisfaction, seul Dieu remplit nos coeurs.
Ainsi, saint Paul nous rappelle que la joie n'est pas optionnelle, mais un impératif catégorique: "Frères, soyez dans la joie du Seigneur, je le redis: soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connu de tous les hommes. Le Seigneur est proche".
3. Que dois-je faire pour entrer dans la joie du Seigneur?
Le message de Jean Baptiste ne laisse personne indifférent. Trois catégories de gens lui posent cette question: Que devons-nous faire? Ces catégories sont: la foule, les publicains et les soldats. C'est étonnant que la classe des magistrats, des prêtres, et des politiciens semble ne pas s'inquiéter de l'imminence de la venue du Messie.
La demande sur ce qu'il faut faire est radicale, anthropologique et touche la moralité. Cette demande qui hante le coeur de l'homme sera l'objet de la philosophie morale de Emmanuel Kant:" Que dois-je faire". Nous ne savons pas à vrai dire ce qu'il faut faire pour discipliner la foule des passions, l'instinct à la malhonnêteté représenté par les publicains, et l'inclination à la violence symbolisée par la force des soldats.
Toutes ces catégories sont présentes dans le coeur de chacun. Jean Baptiste oppose comme signe de conversion à ces instints, les vertus de la charité, de l'honnêteté et de la douceur. Selon saint Augustin, le péché consiste à choisir mal ce qui est bien. Par conséquent la conversion devient l'aversion à tout ce qui s'oppose à la volonté de Dieu. La conversion n'est pas la négation de soi, mais l'acceptation de notre condition de misère caractérisée par la foule de passions et de vices et la soif de la libération.
4. Prière de demande du don de la joie.
Seigneur Dieu, joie de nos coeurs, nous te louons et nous te bénissons.
Viens oh Emmanuel nous libérer de l'empire des instincts d'égoisme, d'intempérance, d'orgueil. Viens transformer nos coeurs arides et durs en un jardin fertile des oeuvres de charité, de justice, de bonté, de vérité, d'humilité et de douceur, afin que la joie se répande dans son monde crépusculaire et triste.
Que ta volonté soit faite.
Tu es Seigneur notre joie. Amen.
Bon dimanche de l'avent frères et soeurs.
Paix et joie dans le Seigneur.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera