Trois personnes nous accompagnent dans cette période de l'avent. Il s'agit de Jean Baptiste le "prophète du Très-Haut"(Lc1,76), de Marie, la "pleine de grâce"(Lc1,28) et de Joseph, "l'homme juste".
Notre méditation sera orientée sur l'actualité du message du précurseur de Jésus.
1. Le Contexte socio-politique du message de Jean Baptiste.
Le prophète n'est pas un homme parachuté d'une autre planète, il est le fils de sa famille et de son peuple. Jean Baptiste est fils unique de la vieillesse de Zacharie et Elisabeth, un don de Dieu à l'humanité. Son père dans le "Benedictus", précise clairement la mission de son fils:" Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut. Tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer ses voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut, par la rémission de ses péchés (Lc1,76-78)".
Jean Baptiste prophétise dans un contexte de domination romaine. L'empereur Tibère César, opprimait le peuple d'Israël à travers ses émissaires, Ponce Pilate, Hérode et Philippe son frère. Luc réussit à synchroniser l'histoire profane et l'histoire du salut. La puissance romaine est comparable à la montagne et les gouverneurs aux collines. En cette année-là, le pontificat corrompu de Anna et Caïphe, contribuait à ajouter le drame au drame pour conserver leur pouvoir religieux. Cette parole de Dieu qui traverse les méandres de l'histoire ne retourne pas au ciel sans produire ses effets, comme la pluie. Dieu agit pour nous et avec nous.
2. Une voix crie dans le désert.
Jean Baptiste ne s'arroge pas le droit d'avoir la parole. Il est la voix de la Parole qui crie dans le désert. Quelle est la nature du désert de notre temps? Le prophète n'est pas seulement la voix qui crie dans le désert, il est aussi veilleur et oeil de l'humanité endormie et aveuglée.
Un des signes de cette somnolente est la renaissance des divinités romaines aujourd'hui. Ces idoles qui ont des yeux sans voir et des oreilles sans ouïe sont:
Pécunia (divinité de l'argent), Venere (divinité des plaisirs sexuels), Vittoria (divinité de la guerre), Fortuna (divinité de la richesse), Felicita (divinité du bonheur), Onore (divinité de l'honoreur).
Au temps de l'empire romain, qui ne rendait pas le culte à ces divinités, était considéré comme athée. Les chrétiens ont subit le martyr pour avoir refusé d'adorer ces idoles qui ne sont que des projections des désirs humains. L'empeureur était salué comme le fils de Jupiter et son règne devrait être éternel. L'expérience montre que les guides éternels de ce monde des mortels ne durent pas. Ils sont comme le bétail qu'on abat (Ps48).
Si ces divinités n'ont pas empêché Rome de succomber aux mains des visighotes, elles ne donnent pas non plus aucune garantie de survie aux empires et aux pouvoirs arrogants actuels. Saint Augustin contre ces divinités, dit:"Nous chrétiens, rendons grâce au Seigneur notre Dieu, non au ciel ou à la terre, mais à Celui qui a fait le ciel et la terre. C'est lui, qui par la grande humilité du Christ, par la prédication des apôtres, par la foi des martyrs, morts pour la vérité et vivants dans la vérité, a renversé les superstitions"(La Cité de Dieu, IV,30).
3. Le message d'espérance pour tous.
Luc a une vision universaliste du salut. La dernière phrase de l'évangéliste de ce dimanche le démontre. Chaque homme verrà le salut de Dieu. Ce message ravive notre espérance. La condition du salut n'est plus l'appartenance sociologique d'un peuple privilégié, mais la conversion symbolisée par l'ouverture à la fraternité car nous sommes tous des enfants de Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ.
La première lecture du prophète Baruc annonce la joie et l'espérance dans l'avenir après l'obscurité de l'éxil en proclamant:" dépose oh Jérusalem tes vêtements de deuil et d'affliction. Porte les vêtements de la splendeur de la gloire qui te vient de Dieu". En adhérant au message prophétique et en pratiquant la charité dans l'attente du Seigneur, notre désert fleurira.
4. Prière de demande de nouveaux prophètes.
Seigneur Dieu, suscite dans ton Église et dans le monde des hommes et des femmes humbles et courageux comme Jean Baptise, qui ne font ni compromis à la vérité, ni négociation à la charité, mais préfèrent être crucifier que de crucifier la Vérité qui est ton Fils bien aimé Jésus-Christ.
Dans la sécheresse spirituelle de notre temps où on relativise l'Absolu tout en absolutisant le relatif, donne-nous l'audace d'être la voix des sans voix qui crie dans le désert du monde. Par la force de ton Esprit, l'aridité et la stérilité de nos coeur se transformeront en une terre qui donnera de bons fruits, car c'est Toi Seigneur qui arrose les sillons et bénit les semailles.
Amen.
Bon dimanche de l'avent frères et soeurs.
Paix et joie dans le Seigneur.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera