FEDE E RELIGIONI - 13 dicembre 2025, 12:59

ÉVANGILE DE DIMANCHE: ES-TU CELUI QUI DOIT VENIR ?

IIIème Dimanche de l’Avent – Année A - Tous les dimanches et les jours de fête d’obligation Sainte Messe à 9h30 dans l’église Saint-Martin-de-Corléans à Aoste. La Messe sera célébrée en français, animée par des chants en français et en latin interprétés par le chœur dirigé par Iris Boniface Stévenin, avec l’accompagnement musical à l’orgue assuré par le Prof. Paolo Torrente, enseignant Sfom

ÉVANGILE DE DIMANCHE: ES-TU CELUI QUI DOIT VENIR ?

Ce troisième dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de la joie. L’antienne d’ouverture le dit clairement :
« Réjouissez-vous dans le Seigneur. Je vous le répète, réjouissez-vous : le Seigneur est proche » (Ph 4,4-5).

Toutefois, le Précurseur, sous les verrous à cause de son témoignage de la vérité, commence à douter : Jésus est-il vraiment le Messie qu’il a annoncé avec tant d’ardeur ? Il envoie ses disciples pour demander :
« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

En d’autres termes, Jean le Baptiste s’interroge : Jésus est-il vraiment le Messie puissant qu’il a annoncé ? Même pour les saints, il n’y a pas de foi pure, totalement libérée des brouillards du doute. Pourtant, le doute de Jean le Baptiste, qui n’est pas scepticisme, ne l’empêchera pas de mourir martyr.

Revenons à cette question qui touche chacun de nous.

1. ES-TU CELUI QUI DOIT VENIR ?

Dimanche dernier, Jean le Baptiste avait invité le peuple à la conversion avec un ton très sévère. La figure du Messie qu’il avait annoncée contraste avec le style de vie de Jésus, sa manière d’être et d’agir.

Jean le Baptiste ne comprend pas pourquoi Jésus n’applique pas la logique de la vengeance de Dieu contre les impies et de la récompense pour les justes. C’est pourquoi il envoie ses disciples demander à Jésus :
« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Le dernier prophète, même s’il est le plus grand parmi « ceux qui sont nés d’une femme », a encore une vision réductrice du Messie théocratique. C’est pourquoi Jésus dira que le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que Jean le Baptiste.

Jésus a conscience de lui-même : il est le Messie (Mashiah), le Christ, celui qui a reçu l’onction de l’Esprit Saint pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (Lc 4,18-19).

Jean le Baptiste ne comprend pas encore pourquoi il n’est pas le premier bénéficiaire des grâces messianiques. Sa nuit de la foi est profonde, et elle nous concerne tous. Un prêtre, un frère, une sœur, chacun de nous peut traverser cette même crise en se demandant s’il ne s’est pas trompé de vocation.

Jésus, en confirmant qu’il est le Messie attendu, dit aux envoyés du prophète qui doute :
« Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ».

En quoi consiste, en effet, le scandale de Jésus aux yeux des suffisants qui le conduira à la croix ? Jésus est condamné pour manger avec les pécheurs, pour opérer des guérisons le jour du sabbat, pour fréquenter des milieux prohibés par une religion ritualiste et hypocrite. Cette attitude met en cause sa messianité.

Saint Jacques, dans la seconde lecture, nous invite à tenir nos cœurs fermes, à cultiver la patience du cultivateur dans l’attente de la récolte des fruits précieux. L’une des tendances de notre époque est l’impatience : vouloir tout, tout de suite, sans laisser le temps à Dieu. Or Dieu a ses temps ; il agit dans le temps et avec le temps.

2. ET LE DÉSERT FLEURIRA

L’attente dans la patience, la persévérance et l’espérance rendra nos déserts florissants. Dieu vient lui-même et va nous sauver.

La prophétie d’Isaïe, annonçant le retour des exilés vers le pays de la liberté, utilise un langage qui comble d’espérance les cœurs arides et désespérés :
« On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu ».

Notre libération ne dépend pas d’un messianisme idéologique de type hégélien, où le terme de l’histoire serait l’unité du réel et du rationnel. Le messianisme marxiste, qui prophétisait l’égalité de tous au terme de l’histoire, n’a pas empêché divisions, guerres, oppressions, totalitarismes et dictatures, producteurs de misères et de réfugiés loin de leur pays. Nous en sommes témoins aujourd’hui.

Le prophète Isaïe proclame le temps de grâce où « le désert et la terre de la soif » sont appelés à danser de joie :
« Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ».

Les mots allégresse, joie, exultation — opposés à la tristesse, à l’angoisse et à la fermeture — occupent une place centrale dans cette prophétie.

Jésus reprend ce discours dans la synagogue de Nazareth et l’applique à lui-même :
« Aujourd’hui, cette parole est accomplie devant vous ».

Il dit aux envoyés de Jean le Baptiste :
« Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».

Avec Noël, « Dieu-avec-et-pour-nous » vient inaugurer l’année de grâce, de justice et de miséricorde. Jésus dans la mangeoire est la miséricorde de Dieu incarnée.

3. LA JOIE DU CHRÉTIEN N’EST PAS ABSENCE DE DIFFICULTÉS

La joie du chrétien n’est pas une fuite face aux problèmes du temps présent. Elle est un don de Dieu au cœur des épreuves. Ce don ne dépend pas de notre seule bonne volonté.

Souvent, lorsque nous sommes enveloppés par les ténèbres épaisses de la vie, cette joie — sans être anéantie — disparaît pour réapparaître au moment voulu.

Jean le Baptiste, malgré sa vocation de prophète du Très-Haut annonçant l’aurore de la joie appelée à chasser l’horreur de l’histoire, vit ce que Karl Jaspers appelle une « situation limite », entre « l’être et le néant » de Jean-Paul Sartre, où l’homme découvre qu’il n’est qu’« une passion inutile ».

Qui n’a jamais vécu ces moments douloureux où le cœur est à plat, où tous les horizons semblent fermés, n’a pas encore fréquenté l’école de la vie dans sa complexité, son intégralité et ses contradictions.

Nous confondons souvent le bonheur avec une vie encombrée, saturée de biens matériels. La foi chrétienne est libératrice en ce qu’elle intègre la souffrance sans nier la joie, les distinguant pour mieux les unir dans le Christ.

La vie chrétienne devient alors un nouvel exode vers la terre promise qui n’est pas de ce monde. Le chrétien courageux ne fuit pas ce monde vers un ailleurs illusoire, mais vit dans le monde comme signe, sans être du monde.

4. PRIÈRE DE L’HOMME EN ATTENTE

Montre-nous ta bienveillance, ô Seigneur,
et donne-nous un cœur pur et généreux,
doux et humble,
pour rendre droits tes sentiers.

Fais que, dans notre nuit de la foi,
nous tenions ferme dans l’attente de l’aube nouvelle de notre salut.

Que les difficultés de notre temps
ne nous découragent pas de participer à l’œuvre messianique :
ouvrir les yeux des aveugles
et les oreilles des sourds,
en ce temps où nous attendons ton retour.

Amen.

Bon dimanche de la joie.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.

Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera

ascova

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