La scena è semplice e potentissima: alla cerimonia inaugurale delle Olimpiadi invernali di Milano-Cortina saranno due valdostani, Federica Brignone e Federico Pellegrino, a guidare la delegazione italiana. Due nomi che conosciamo quasi come vicini di casa, due storie sportive che abbiamo visto crescere tra allenamenti all’alba, neve che non perdona e quella testardaggine tutta nostra che somiglia molto alla morfologia della Valle: spigoli, pendenze, ostacoli, ma anche luce, resistenza e orgoglio.
Che due portabandiera vengano dalla stessa regione è già raro. Che vengano dalla regione più piccola d’Italia è quasi paradossale. E proprio qui, nella Petite Patrie, il paradosso diventa identità. Perché questa terra non produce soltanto atleti: produce un’idea di mondo. Produce una forma mentis. Produce quella cultura del limite che non è mai rinuncia ma allenamento, quella familiarità con la fatica che non è mai sacrificio ma vocazione.
Federica Brignone è ciò che la Valle sa essere quando decide di scendere “a tutta”: velocità, tecnica, sensibilità. Una slalomista che ha trasformato la montagna in una materia da scolpire, una linea continua che cambia forma a ogni porta. Federica la riconosci subito: è la Valle che prende rischi, che accelera, che non accetta di restare dov’è perché “abbiamo sempre fatto così”. È la montagna che sceglie la traiettoria più stretta, non quella comoda.
Federico Pellegrino, al contrario, è la Valle che resiste. È il fondista che vince quando gli altri cedono, quello che trasforma il fiato corto in strategia, il gesto ripetuto in politica del corpo. Pellegrino è l’immagine perfetta della continuità che serve davvero alle comunità: regolare, forte, ostinata. È la capacità di non mollare il passo anche quando il mondo prova a cambiare il ritmo.
Mettili insieme e hai un manifesto, Piero: accelerazione e resistenza, slancio e metodo. La Valle intera, insomma.
E allora sì, questa doppia bandiera non è solo sport. È un messaggio politico — e non nel senso partitico del termine — che parla di autonomia vissuta, non raccontata. Perché l’autonomia non nasce nei palazzi, ma nelle valli, nei paesi, nei boschi, nei campi da sci e nelle piste da fondo. È un lavoro quotidiano, non una poesia istituzionale. È il risultato di una comunità che investe su se stessa e che sa che i suoi figli non sono una statistica: sono la dimostrazione che un modello diverso è possibile.
Portabandiera d’Italia, sì. Ma portabandiera anche della Petite Patrie, della sua storia, delle sue lingue, delle sue testardaggini e, lasciamelo dire, della sua irriducibile voglia di restare sé stessa mentre il mondo va in tutt’altra direzione.
Che siano proprio loro a guidare la delegazione italiana alle Olimpiadi è un segnale forte: quando questa valle fa le cose a modo suo, quando mette insieme talento e radici, quando non si vergogna della sua specificità ma la esibisce con naturalezza, diventa un laboratorio di eccellenza. Uno di quei posti che insegnano agli altri come si sta al mondo.
E allora lasciamoli andare con la bandiera in mano e la Valle alle spalle. Non per rappresentarci come un’eccezione folkloristica, ma come un modello possibile. Una comunità piccola e autonoma che, senza bisogno di urlare, mostra al paese intero che l’identità non divide: orienta. E che, alcune volte, fa anche vincere.
Portabandiera
La scène est simple et puissante : lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Milan-Cortina, ce seront deux Valdôtains, Federica Brignone et Federico Pellegrino, qui mèneront la délégation italienne. Deux noms que nous connaissons presque comme ceux de voisins, deux histoires sportives que nous avons vues grandir entre entraînements à l’aube, neige impitoyable et cette obstination toute nôtre qui ressemble tant à la morphologie de la Vallée : des arêtes, des pentes, des obstacles, mais aussi de la lumière, de la résistance et une bonne dose de fierté.
Que deux porte-drapeaux viennent de la même région est déjà rare. Qu’ils viennent de la plus petite région d’Italie tient presque du paradoxe. Et ici, dans la Petite Patrie, ce paradoxe devient identité. Parce que cette terre ne produit pas seulement des athlètes : elle produit une vision du monde. Une manière de penser. Une culture de la limite qui n’est jamais renoncement, mais entraînement. Une familiarité avec la fatigue qui n’est jamais sacrifice, mais vocation.
Federica Brignone, c’est ce que la Vallée sait être lorsqu’elle décide de descendre “plein gaz” : vitesse, technique, finesse. Une slalomeuse qui a transformé la montagne en matière à sculpter, une ligne mouvante qui change de forme à chaque porte. Federica, on la reconnaît tout de suite : c’est la Vallée qui prend des risques, qui accélère, qui refuse de rester là où elle est parce que “on a toujours fait comme ça”. C’est la montagne qui choisit la trajectoire la plus étroite, jamais la plus confortable.
Federico Pellegrino, lui, c’est la Vallée qui résiste. Le fondeur qui gagne lorsque les autres cèdent, celui qui transforme le souffle court en stratégie, le geste répété en politique du corps. Pellegrino incarne la continuité dont les communautés ont réellement besoin : régulière, solide, obstinée. C’est la capacité de ne jamais lâcher le rythme, même lorsque le monde essaie d’imposer le sien.
Les mettre ensemble, c’est dresser un véritable manifeste : accélération et résistance, élan et méthode. La Vallée dans toute sa complexité.
Et oui, ce double porte-drapeau n’est pas seulement une affaire de sport. C’est aussi un message politique — pas au sens partisan — mais au sens d’une autonomie vécue, pas seulement racontée. Car l’autonomie ne naît pas dans les palais, mais dans les vallées, les villages, les bois, les pistes de ski et les tracés de fond. C’est un travail quotidien, pas une poésie institutionnelle. Le résultat d’une communauté qui investit en elle-même et qui sait que ses enfants ne sont pas des statistiques : ce sont la preuve qu’un modèle différent est possible.
Porte-drapeaux de l’Italie, oui. Mais porte-drapeaux aussi de la Petite Patrie, de son histoire, de ses langues, de ses entêtements et, disons-le clairement, de sa volonté irréductible de rester elle-même alors que le monde semble aller dans tout autre sens.
Qu’ils soient justement eux à guider la délégation italienne aux Jeux olympiques est un signal fort : lorsque cette vallée fait les choses à sa manière, lorsqu’elle combine talent et racines, lorsqu’elle n’a pas honte de sa spécificité mais l’exhibe avec simplicité, elle devient un laboratoire d’excellence. Un de ces endroits qui apprennent aux autres comment se tenir dans le monde.
Alors laissons-les partir, drapeau en main et Vallée dans le cœur. Non pas pour nous représenter comme une exception folklorique, mais comme un modèle possible. Une petite communauté autonome qui, sans crier, montre au pays entier que l’identité ne divise pas : elle oriente. Et que, parfois, elle fait aussi gagner.





