L’interpellation présentée par le groupe PD – Fédéralistes Progressistes VdA lors de la séance du 2 décembre 2025 a remis au centre du débat politique l’avenir du tunnel du Mont-Blanc et la portée de l’accord signé entre l’Union Valdôtaine et Forza Italia. Pour les auteurs de l’initiative, le document du 4 novembre apparaît comme une déclaration d’intentions dépourvue de véritables fondements techniques ; pour le Gouvernement régional, il constitue en revanche un cadre politique partagé, distinct des démarches administratives formelles.
D’un côté, le Chef de groupe Jean-Pierre Guichardaz a exprimé de fortes réserves sur la substance de l’accord : « Dans le document politique signé le 4 novembre par le Président de l’UV et le responsable national des collectivités locales de Forza Italia, le renforcement du tunnel est présenté comme une priorité commune. Pourtant, aucun acte officiel, ni régional ni intergouvernemental, ne confirme le début d’une véritable phase de conception. C’est une formule qui donne l’illusion qu’un processus serait lancé, alors qu’il n’existe rien de concret. »
Guichardaz a également rappelé qu’« il s’agit d’une infrastructure binationale, qui dépend des décisions des Gouvernements italien et français, et non d’accords entre partis », demandant des éclaircissements sur d’éventuelles discussions, les positions des interlocuteurs et les analyses préliminaires.
De l’autre côté, le Président de la Région, Renzo Testolin, a tenu à distinguer clairement les plans politique et technico-administratif.
Selon lui, « l’interpellation semble confondre le plan politique de l’accord de programme du 4 novembre avec les aspects administratifs et techniques d’un éventuel doublement du tunnel du Mont-Blanc ».
Le Président a ensuite réaffirmé la valeur stratégique de l’ouvrage :« L’accord reflète une vision partagée qui considère le doublement du tunnel comme un enjeu crucial, notamment en termes de sécurité de la circulation. Ces considérations ne sont plus discutables aujourd’hui, comme l’atteste la construction du deuxième tube du Fréjus, inauguré le 29 juillet dernier. »
Testolin a toutefois clarifié l’absence d’avancées formelles :« À ce jour, il n’existe aucune discussion formelle, technique ou administrative avec les Ministères compétents concernant la conception d’un nouveau tunnel. »
Il a ajouté que les études techniques et les évaluations d’impact « ne relèvent pas des compétences régionales, mais bien de celles de l’État, voire des deux États », tout en garantissant la disponibilité du Gouvernement à informer régulièrement le Conseil.
Il a également qualifié d’« extrêmement prometteur l’engagement du Ministre Tajani d’organiser la prochaine rencontre bilatérale France–Italie en Vallée d’Aoste, dans le cadre du Traité du Quirinal », en soulignant que cela pourrait attirer l’attention sur la question du second tube.
Dans sa réplique, Guichardaz a insisté sur le fait que « le Président a confirmé qu’il n’existe aucune interlocution formelle avec les Gouvernements italien et français ». Pour le Chef de groupe, l’accord UV-FI risque de contourner les procédures institutionnelles :« La Vallée d’Aoste ne peut pas être traitée comme un ensemble de lobbys partisans qui négocient en privé. Les relations avec l’État et avec la France doivent passer par des actes formels et des démarches transparentes. Ce n’est pas ainsi que l’on protège la Vallée d’Aoste. »
À son avis, cette affaire « confirme une idée de la politique que nous espérions avoir dépassée », une politique « faite dans les secrétariats des partis – et pas même de tous les partis ». Il a enfin réaffirmé l’engagement à demander « des mises à jour précises et documentées, car, sur des enjeux de cette importance, la transparence n’est pas une option, mais un devoir envers l’ensemble de la communauté valdôtaine ».





