En ce premier dimanche de l’Avent, les lectures nous demandent de veiller, de marcher à la lumière du Seigneur. Qu’est-ce que l’Avent ? Comment vivre cette période ?
Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous partage sa vision en nous invitant à monter pour rencontrer le Seigneur vers sa montagne sainte. Cet appel a un caractère universel, car toutes les nations afflueront vers la montagne du Seigneur, plus haut que les monts et les collines. Cette montée d’un peuple nombreux exige le détachement du surplus de notre vie transitoire (contemptus mundi).
La seconde lecture nous recommande l’abandon des œuvres de ténèbres pour nous ouvrir à la lumière. Dans l’Évangile, le thème central est la vigilance, car nous ne savons ni le jour ni l’heure de sa venue. Il viendra comme un voleur dans la nuit. L’Avent est cette expectative de chacun et du monde entier.
1. NOUS SOMMES FAITS POUR MONTER
En lisant attentivement les lectures du jour, ce qui attire particulièrement l’attention est la nature des verbes et leur conjugaison, surtout dans la première lecture. La plupart des verbes sont d’action et de mouvement. Certains sont à l’impératif, d’autres conjugués au futur. L’Avent n’est donc pas une attente du Seigneur dans la passivité ou l’inaction, mais une marche vers le Seigneur en prenant soin de notre vie quotidienne comme une offrande qui plaît au Seigneur.
Dans cette attente en action, nous célébrons un double Avent : l’Avent de Dieu pour l’homme et celui de l’homme pour Dieu. Ce temps favorable nous donne la clé d’interprétation du sens de la vie et du cours de l’histoire. L’Avent ne doit pas être réduit à un souvenir nostalgique du passé dans nos liturgies. Le temps de l’Avent est notre présent ouvert au futur riche de promesse, car le Christ, qui est le sens du temps, est éternellement engendré par le Père aujourd’hui.
Par conséquent, la personne humaine est un être de l’Avent, un être dynamique en attente et en marche avec attention dans l’espérance d’arriver à la destination qui n’est pas de ce monde. Comment ce temps de l’Avent transforme-t-il notre existence, tant humaine que chrétienne ?
2. L’AVENT EMBRASSE L’ENTIÈRE EXISTENCE
Toute la vie humaine personnelle, familiale, sociale, politique est attente de quelque chose de surprenant, connu et inconnu. Même tout l’univers est en attente, en tension vers la plénitude. L’Avent est donc le temps existentiel pour tout homme, qu’il croie ou non, car en nous réside un écart entre l’être et le devoir-être, l’être-présent et le non-être-encore voulu, désiré et recherché.
La différence de l’homme qui a la foi en Jésus-Christ par rapport à celui qui se déclare athée est le style et le terme de son existence. Qui a la foi marche dans la lumière du Seigneur. Par contre, un athée attend un monde meilleur dans l’espoir sans espérance. Sa déception se transforme souvent en désespoir, où le sens de la vie devient l’absence de sens, l’absurde.
Toute la vie est vécue dans l’Avent implicite comme attente, aspiration et espérance qui orientent l’agir quotidien. Pour les fiancés, chacun attend de l’autre cette parole qui donne la certitude de leur amour réciproque et fidèle : « De tout mon cœur je t’aime ». Pour un étudiant, son Avent est l’attente de bons résultats aux examens. Pour un fonctionnaire, son Avent est l’aspiration à une promotion. Pour un candidat aux élections, son Avent est l’attente de la victoire.
Le pauvre espère que demain sera mieux qu’aujourd’hui. Pour un réfugié, il espère la paix de son pays et attend impatiemment « un permis de séjour » et une bonne intégration dans la terre étrangère. Pour les pays en guerre, ils attendent un projet de paix durable qui ne soit pas fallacieux. L’humanité est en Avent et espère que la pollution de l’univers prendra fin.
Mais : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, les constructeurs travaillent en vain. Si le Seigneur ne garde la ville, en vain la garde veille » (Ps 126,1).
3. SOYONS DES ARTISANS DE PAIX
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu », proclame le Prince de la paix, Jésus Fils de Dieu et Fils de l’homme.
Le prophète Isaïe conclut sa vision par la paix universelle qui vient du Seigneur. Nous y retrouvons des éléments cosmiques et symboliques comme « la montagne », qui symbolise la majesté divine, « les monts », qui sont les rois de la terre, et « les collines », dans le sens des gouvernants. À la fin des jours, la montagne du Seigneur sera le lieu de rassemblement de tous les peuples et dominera sur tous les monts et collines.
L’Avent n’est pas le temps du rêve utopique, d’un lendemain qui chante selon la logique du pacifisme des monts et collines de notre temps qui ne nous épargnent pas du malheur. Isaïe prophétise que ce n’est pas la main de l’homme qui fera la paix, mais Dieu lui-même qui jugera les nations avec justice. Aucune nation ne fera plus la guerre contre une autre. Ils apprendront l’art de faire la paix. Ce message est éloquent pour le monde de notre temps où les démons, qui étaient endormis après la barbarie de la Seconde Guerre mondiale, se sont réveillés en ces jours avec tant d’agressivité.
Saint Paul, dans la lettre aux Romains, nous invite à veiller en disant : « C’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière ».
Dans l’Évangile, Jésus ne nous enseigne pas de fuir notre monde, mais nous recommande de vivre intensément le présent à travers la prise de conscience de nos devoirs quotidiens. La vraie vigilance implique l’accomplissement de notre tâche avec responsabilité et fidélité à notre vocation. Tout ce que l’homme fait ne sera pas indifférent lors du jugement. Le temps de l’Avent, « ad ventus », est le temps de grâce, d’attente dans la tension vers la lumière sans déclin, dans l’attention et dans l’espérance.
Avec l’Avent : « nous marchons donc dans l’espérance et nous avançons chaque jour vers la cité de Dieu » (Augustin, Cité de Dieu, XXI,15).
« En Jésus-Christ, seul en Lui, l’homme est définitivement l’espérance de l’homme. Sans le Christ, l’homme devient l’enfer pour lui-même et pour les autres » (Josef Ratzinger, Il tempo et la storia, p.160).
4. PRIÈRE POUR LE DON DE LA VIGILANCE
Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de la vigilance. Nous ne savons ni le jour ni l’heure de ta venue. À chaque instant, réveille en nos cœurs l’ardeur de n’aimer que toi seul. Guéris-nous de nos somnolences et de nos distractions. Aujourd’hui, à l’heure du smartphone, le temps de la vigilance, de l’attention aux signes de ta présence et de la prière est gaspillé.
Rends-nous instruments de ta paix en veillant sur notre langage, qui peut offenser et blesser notre prochain. Seigneur, ne nous traite pas selon nos péchés. Que descende sur nous ta miséricorde, et nous serons sauvés. Vierge Marie, mère de l’Avent, prie pour nous. Amen.
Bonne fête du Christ Roi de l’univers.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère, Abbé Ferdinand Nindorera.





