«Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis», répond Jésus au Bon Larron qui le supplie : «Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume».
Cette parole nous comble d’espérance. Pourquoi Jésus ne dit-il pas que le Bon Larron sera avec lui après trois jours, mais qu’il sera avec lui aujourd’hui ? Pourquoi Jésus ne répond-il pas à la foule, aux soldats et au malfaiteur qui l’insultent ? Quelle est la nature de la royauté du Christ par rapport à celle des rois de ce monde ?
Nous pouvons appeler cette solennité du Christ Roi de l’univers la fête du sens de la vie, de l’histoire et de l’univers entier, car Jésus est le Roi des rois, doux et humble de cœur.
1. LA GLOIRE ET LA CROIX
Jésus, «le roi de gloire, le vaillant des combats» (Ps 23, 8), révèle sa royauté de manière claire lors de sa passion. Il disait déjà dans sa prédication : «Je suis le bon Pasteur. Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis» (Jn 10, 12). Il accomplit ainsi la royauté de David, chargé d’unifier Israël comme un bon berger.
Jésus disait aux juifs : «Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes» (Jn 12, 32). Sa royauté est en lutte incessante contre l’empire du mal, le Prince de ce monde. Il dit à ses apôtres angoissés : «C’est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince va être jeté dehors» (Jn 12, 31).
À Pilate il déclare : «Tu le dis, je suis Roi. Mon royaume n’est pas de ce monde» (Jn 18, 37), établissant une distinction nette entre les rois avides de pouvoir et sa royauté qui vient d’en haut pour libérer les hommes de l’abîme du péché.
Dans l’Évangile du jour dominent les titres messianiques lancés par des incrédules : «le Roi», «le Messie de Dieu», «l’Élu». On lui crie : «Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !». Jésus refuse le spectacle. Le Bon Larron, lui, comprend tout : il contemple le visage de Dieu bafoué.
Pilate fait inscrire : «Celui-ci est le roi des Juifs». La gloire du Christ se manifeste sur la croix, scandale pour les incrédules, paradoxe pour le croyant.
2. AUJOURD’HUI, AVEC MOI, TU SERAS DANS LE PARADIS
C’est aujourd’hui qu’il faut chercher le Royaume et sa justice. Crucifié avec Jésus, le Bon Larron reçoit ce qu’il n’espérait pas : le Paradis. Il se reconnaît indigne ; il est malfaiteur, mais Jésus est innocent.
Le mot grec parádeisos signifie «jardin de délices», là où les souffrances n’ont plus de place. Pour Platon, cet état de béatitude était réservé aux justes. Jésus va oltre la méritocratie platonicienne : les derniers, s’ils implorent la grâce, entrent au Royaume.
Le Bon Larron discerne, se laisse toucher, tandis que l’autre malfaiteur blasphème, prisonnier de sa peur et de son orgueil. Qui de nous n’a jamais réagi comme lui ?
Jésus, humilié mais silencieux, pose son regard sur celui qui implore : «Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis».
Saint Augustin commente ainsi :
«Le Christ en tant que Dieu est omniprésent… Partout où puisse se trouver le Paradis, il est là avec tous ses bienheureux» (Lettre à Dardano, 187, 3, 8).
Le Bon Larron saisit ce Kaïros, ce temps de grâce unique. Les héritiers du Royaume sont ceux qui s’ouvrent à la miséricorde, quel que soit leur passé.
3. LE CHRIST EST NOTRE PAIX
La lettre aux Colossiens le dit clairement : Jésus est «l’image du Dieu invisible, le premier-né avant toute créature… celui qui a fait la paix par le sang de la croix».
La paix du Christ et sa royauté sont inséparables de la croix. Comme le rappelle Augustin : «Le vrai amour pour les frères se manifeste dans les moments critiques». Jésus nous aime jusqu’à la mort.
La royauté du Christ est paradoxale :
— les rois de la terre versent le sang des innocents ;
— Jésus verse son sang pour sauver.
Certains rois promettent la paix en faisant la guerre, terrorisent leurs peuples, adorent leur propre gloire. Mais le Roi des rois est «doux et humble de cœur» (Mt 11, 29).
Les rois vivent dans des palais ; Jésus «n’a pas où reposer sa tête» (Mt 8, 20).
La justice terrestre crucifie parfois les innocents, tandis que Jésus, Agneau de Dieu, porte les péchés du monde.
Saint Paul résume : «En lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés».
Le Christ réconcilie l’univers entier.
Le Christ est notre paix.
4. AVEC LUI, NOUS RÉGNERONS
Cette fête nous comble d’espérance. Saint Paul écrit : «Si nous souffrons avec le Christ, avec lui nous régnerons».
La royauté du Christ ne supprime pas la souffrance, mais nous sauve dans la souffrance.
Offrons au roi des rois nos misères et nos blessures. Jésus écoute, purifie, guérit.
Que le cri du Bon Larron devienne le nôtre :
«Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Amen !»
Bonne fête du Christ Roi de l’univers.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère, Abbé Ferdinand Nindorera.





