Chez Nous - 28 aprile 2025, 08:00

Sans âme

Senz'anima

Sans âme

Qualche giorno fa abbiamo pubblicato un articolo che raccontava di bandiere sfilacciate appese come stracci ai pali di tanti edifici pubblici della nostra Valle d'Aosta. Pensavamo di sollevare una riflessione, magari anche un po' amara. Invece, a sorpresa, abbiamo ricevuto messaggi che ci hanno scaldato il cuore.
Come quello di un lettore che ci ha scritto parole semplici ma potentissime:
"Quei simboli così ridotti rappresentano perfettamente chi, nei vari contesti istituzionali, vi lavora e li gestisce: burocrati, passacarte, attenti solo alla propria scrivania, senza mai una visione d'insieme e... senz’anima."

Senz’anima.
Una parola che pesa come un macigno.
Perché se una bandiera può sfilacciarsi col vento e col tempo, non dovrebbe mai sfilacciarsi il rispetto.
Non dovrebbe mai sfilacciarsi l’orgoglio di appartenere a una comunità come la nostra, che ha saputo resistere, lottare, conquistare autonomia e dignità in un mondo che troppo spesso ci ha voluto piccoli e invisibili.

Eppure, basta alzare lo sguardo sui pali di qualche municipio, scuola o ufficio pubblico per accorgersi che non è solo il tessuto ad andare in pezzi: è la nostra identità.
È il nostro senso collettivo che si affievolisce, giorno dopo giorno, nascosto dietro pratiche da firmare, telefoni che squillano a vuoto, risposte automatiche e un "non è compito mio" diventato filosofia di vita.

Quelle bandiere stracciate non sono un problema estetico.
Non è solo questione di decoro urbano.
È una questione morale, profonda, che tocca la radice stessa di cosa significhi sentirsi parte di qualcosa di più grande.

E chi lavora nelle istituzioni — chiunque esse siano, grandi o piccole — ha un dovere: essere custode, non solo funzionario.
Custode della memoria, della storia, dell’identità, dei sacrifici di chi prima di noi ha reso possibile che oggi possiamo parlare di "autonomia" senza vergognarci.

Perché una bandiera, per chi ha ancora il cuore che batte forte quando la vede alzarsi al vento, non è mai solo un pezzo di stoffa.
È un simbolo di casa, di lotta, di orgoglio, di futuro.

Chi non sa più vederlo, chi non sa più rispettarlo, ha perso l’anima.
E chi perde l'anima non può guidare, non può ispirare, non può rappresentare nessuno.

Grazie, allora, a chi ha ancora il coraggio di indignarsi.
A chi non si abitua al degrado.
A chi non si rassegna a vedere i nostri simboli appassire senza combattere.
Perché finché c’è chi si indigna, finché c’è chi si commuove, c’è ancora speranza di rialzare le bandiere. E di rialzare anche noi stessi.

Senz'anima

Quand même les symboles se rendent, c'est le cœur des institutions qui cesse de battre

Il y a quelques jours, nous avons publié un article racontant l'histoire de drapeaux effilochés, accrochés comme des chiffons aux mâts de nombreux bâtiments publics de notre Vallée d'Aoste.
Nous pensions susciter une réflexion, peut-être un peu amère.
Et pourtant, à notre grande surprise, nous avons reçu des messages qui nous ont réchauffé le cœur.
Comme celui d'un lecteur qui nous a écrit des mots simples mais puissants :

« Ces symboles ainsi dégradés représentent parfaitement ceux qui, dans les divers contextes institutionnels, y travaillent et les gèrent : des bureaucrates, des gratte-papier, uniquement attentifs à leur bureau, sans jamais avoir une vision d’ensemble et… sans âme. »

Sans âme.
Un mot lourd comme un rocher.

Car si un drapeau peut s’effilocher sous le vent et avec le temps, le respect, lui, ne devrait jamais s’effilocher.
Jamais ne devrait s'effilocher la fierté d'appartenir à une communauté comme la nôtre, qui a su résister, lutter, conquérir son autonomie et sa dignité dans un monde qui, trop souvent, a voulu nous voir petits et invisibles.

Et pourtant, il suffit de lever les yeux vers les mâts de quelques mairies, écoles ou bâtiments publics pour se rendre compte que ce n'est pas seulement le tissu qui tombe en lambeaux : c'est notre identité.
C'est notre sens collectif qui s'affaiblit, jour après jour, dissimulé derrière des procédures à signer, des téléphones qui sonnent dans le vide, des réponses automatiques et un « ce n’est pas mon travail » devenu une philosophie de vie.

Ces drapeaux en lambeaux ne sont pas un simple problème esthétique.
Ce n'est pas qu'une question de décorum urbain.
C'est une question morale, profonde, qui touche à la racine même de ce que signifie appartenir à quelque chose de plus grand que soi.

Et ceux qui travaillent dans les institutions — quelles qu’elles soient, grandes ou petites — ont un devoir : être des gardiens, pas seulement des fonctionnaires.
Gardiens de la mémoire, de l’histoire, de l’identité, des sacrifices de ceux qui, avant nous, ont rendu possible que nous puissions aujourd'hui parler d’autonomie sans rougir.

Car un drapeau, pour ceux qui ont encore le cœur qui bat fort en le voyant se hisser au vent, n'est jamais un simple morceau de tissu.
C'est un symbole de maison, de lutte, de fierté, d'avenir.

Celui qui ne sait plus le voir, celui qui ne sait plus le respecter, a perdu son âme.
Et celui qui perd son âme ne peut ni guider, ni inspirer, ni représenter qui que ce soit.

Alors merci à ceux qui ont encore le courage de s’indigner.
Merci à ceux qui ne s’habituent pas à la dégradation.
Merci à ceux qui refusent de voir nos symboles dépérir sans se battre.

Parce que tant qu’il y aura quelqu’un pour s’indigner, tant qu’il y aura quelqu’un pour s’émouvoir, il y aura encore de l’espoir pour relever les drapeaux.
Et pour nous relever nous-mêmes.

piero.minuzzo@gmail.com

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