La liberté est le mot le plus prononcé, recherché, revendiqué. Cependant, notre soi-disante liberté est conditionnée par les assurances humaines. La liberté de Jésus par contre est inséparable avec la charité et la vérité en vue de libérer tout homme est tout l'homme. Soyons à l'école de la liberté de Jésus pour être à sa suite d'une manière inconditionnée et définitive.
1. ACCUEILLIR LES DIFFICULTÉS DANS LA LIBERTÉ.
Jésus prend le long chemin vers Jérusalem, mais rencontre le refus et l'hostilité des samaritains. Ce refus suscite la colère de Jacques et Jean qui demandent à Jésus de faire descendre sur eux le feu. Mais Jésus libre devant ce refus, ne veut pas se venger. Dans son discours sur la montagne il nous recommande d'aimer nos ennemis et de prier pour nos persécuteurs. Dans l'évangile de Jean, les samaritains lui réservent un bon accueil (Jn4,1-42). Pourquoi dans l'évangile de Luc, ils lui barrent la route? Dans le quatrième évangile, les samaritains sont contents que Jésus passe chez eux quand il va en Galilée.
La première personne qui a été promotrice de cet accueil chaleureux est la femme samaritaine. Maintenant ils ne lui permettent pas de passer chez eux, quand il se dirige vers Jérusalem. Cela nous permet de conclure que les samaritains ne haïssent pas Jésus, mais sont en mauvais rapport avec Jérusalem comme aujourd'hui les habitants de Kiev ne permettraient pas Jésus de passer chez eux pour se rendre à Moscou, ou les congolais de Goma ne tolleraient pas le passage de Jésus vers le Rwanda. Jésus est victime des tensions politiques entre Samarie et Jérusalem. Toutefois, sa mission est de rassembler le peuple de Dieu dispersé.
Il le dit clairement que si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Il produit au contraire beaucoup de fruits s'il meurt(Jn12). Il dit encore:" quand je serai élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes"(Jn12). Jésus accueille cette humiliation avec sérénité et liberté. Par contre, Jean et Jacques, choqués par ce refus, veulent que Jésus détruise cette cité par le feu. Jésus ne veut pas la mort du pécheur, veut surtout sa conversion. Jésus n'est pas découragé par ce refus. Il va droit son chemin qui le mène à la passion, à la mort et à la résurrection pour ces gens même qui lui refusent le passage.
2. LA VOCATION COMME DISPONIBILITÉ TOTALE.
Dans la première lecture, Élisée reçoit l'appel de suivre le prophète Elie. La vocation ne nous déracine pas de notre condition de vie, de notre famille. Élisée est fils de Shafath. Il reçoit d'Élie le menteau de fidélité à l'alliance, au moment où il était en train de labourer la terre. La vocation est toujours surprenante si bien que celui qui est appelé garde une certaine liberté. En grec, le menteau "kolpon" signifie protection, intimité.
Ce menteau qui nous permet de rester fidèle à la vocation à travers les multiples tentations et souffrances, est le Christ lui-même. Saint Paul écrit qu'avec le baptême le chrétien est "revêtu du Christ" pour le suivre dans la liberté. La liberté d'Élisée qui constitue sa grandeur est le détachement à ses biens comme la terre et les boeufs pour suivre Élie. Il demande simplement d'aller embrasser ses parents.
Ce geste plein d'humanité nous rappelle le dialogue avec nos parents quand nous leur avons annoncé notre admission au grand séminaire.
Dans l'évangile, après le refus des samaritains, trois personnes veulent suivre Jésus. Ces trois jeunes hommes ont trois tempéraments differents. Le premier est clair dans son expression, le second voudrait bien, mais il a les mains liées par les problèmes familiaux. L'autre est directement appelé par Jésus mais résiste encore, car il doit avertir à ses parents. Cette partie de l'évangile est indicatrice pour l'animation des vocations. Les bonnes intentions ne suffisent pas, pour devenir le disciple fidèle, libre de Jésus.
Encore faut-il dépasser l'enthousiasme, le voeux pieux, le sentimentalisme pour lui appartenir totalement. Ce jeune représente beaucoup de jeunes qui ont une sympathie particulière pour Jésus et veulent le suivre à tout prix. Jésus qui voit nos intentions secrètes répond:"les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel leur nids, mais le Fils de l'homme n'a pas où poser sa tête". Jésus ne nous refuse pas de le suivre. Mais nous fait discerner l'essentiel de l'accessoir. Il nous invite à la liberté envers les biens de ce monde et les assurances familiales pour donner la priorité à l'Unique nécessaire qui est lui-même.
3. LA VOCATION DANS LA LIBERTÉ EST LE COMBAT DE TOUS LES JOURS.
Dans la deuxième lecture, saint Paul écrit aux Galates:" Frères, c'est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés". Notre vocation fondamentale est réalisée dans la liberté. Nous pouvons appeler cette lettre aux Galates, "la lettre de la liberté. "Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté.
La vision de saint Paul de la liberté contraste avec le laisser-aller ou le libre arbitre subjectiviste. La liberté authentique, libérante ne peut être ni idéologique de type contestataire, ni soumission aveugle conformiste à la loi injuste par peur. La vraie liberté se réalise dans la vérité et la charité au service du prochain. Il s'agit d'un combat de tous les jour entre la grâce et le péché, entre l'esprit et la chair selon saint Paul. Si la liberté n'est pas le choix volontaire, une décision pour une grande valeur comme celle de Jésus d'aller à Jérusalem pour le salut du monde, elle devient tyranie, arrogance, violence.
4. PRIÈRE POUR LES VOCATIONS
Seigneur, tu ne nous appelles pas à te suivre par nos propres mérites. C'est ta pure bonté que tu nous invites à coopérer à ta mission rédemptrice. Accorde-nous Seigneur Jésus le courage, la liberté d'annoncer ton Évangile dans le monde qui ne veut pas te recevoir.
Suscite dans ton Église de jeunes qui répondent librement et promptement à ton appel comme Élisée.
Vierge Marie, mère du Christ et mère de l'Église, aide-nous à répondre oui d'une manière inconditionnée à la volonté du Père, amen.
Bon dimanche frères et soeurs,
Paix et joie dans nos coeurs et dans le monde.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera.