Dieu promet à Moise un prophète extraordinaire dans les temps à venir (1ère lecture). Ce prophète est son Fils bien aimé, qui vient libérer le frère de ce qui le maintient dans la captivité (évangile). Dans un monde où les conseils évangéliques sont devenus comme des oripeaux du musée inusité, voire des questions qui fâchent, saint Paul encourage la virginité pour appartenir au Seigneur sans partage (2è lecture). Notre méditation porte son attention sur la manière dont Jésus exerce son autorité, en vue de sauver un frère tourmenté par l'esprit impur. Dans un premier temps, nous distinguons la vraie autorité qui libère et l'autoritarisme qui opprime. Dans un second moment nous montrerons comment Jésus a exercé son autorité et enfin le frère comme finalité de l'exercice de l'autorité.
1. L'autoritarisme et ses méfaits.
Dans les pays meurtris par la dictature, la parole du tyran fait peur, car elle commande avec terreur pour faire asseoir la culture de l'erreur. Dans cette cacophonie politique, le dictateur a peur de la vérité, mais aime des artistes courtisans qui le flattent en lui faisant croire qu'il est "abîme de science", qu'il a toujours raison quand il parle ou quand il se tait, selon les satires de Voltaire. Si on a le courage (parresia) de dire la vérité que "le roi Midas a des oreilles d'âne", ou de crier comme l'enfant dans la foule que "le roi et la reine sont nus"( Voltaire, dans Zadig), on finit sur la croix comme le baudet des fables de la Fontaine. Mais l'expérience historique montre que tôt ou tard, l'accusateur est rejeté par ceux-là même qui lui donnaient des éloges. Comme le dit le psaume, "on t'applaudit quand tout va bien".
2. Jésus enseigne avec autorité.
Selon l'étymologie latine, le mot "autorité" vient du verbe "augēre", qui veut dire "faire croître", "augmenter", "combler". Jésus enseigne avec autorité car sa parole fait croître l'homme, le purifie de ses blessures, l'élève dans les hauteurs de la dignité et sainteté.
La langue italienne distingue l'autoritarisme (autoritarismo), l'autorité (autorità) et l'autorité qui inspire confiance (autorevolezza). Le mot "autorevolezza" est intraduisible dans la langue française, mais implique l'harmonie entre la rigueur de l'ordre et l'amour dans la manière de commander. Jésus incarne cette autorité confiante. Il vient dans la douceur, pour libérer le monde du mal. Il dit:" je suis au milieu de vous comme celui qui sert".
Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus entre dans la Synagogue de Capharnaüm le jour du sabat. Il vient avec simplicité sans nous éblouir de sa lumière radieuse de divinité. Il enseigne et guérit. Sa parole d'autorité qui libère l'homme de l'esprits impur, suscite l'admiration des coeurs simples. Sa vie, son attention, sa discrétion, ses actions, révèlent quelque chose qui dépasse le commun des prophètes qui ne sont que des porte-parole de Dieu. Jésus révèle progressivement sa divinité. Sa parole pleine de compassion pour les déshérités de la terre, vient mettre de l'ordre dans les coeurs désordonnés. Jésus fait taire l'esprit impur qui le proclame, "le saint de Dieu". Jésus ne lui laisse pas la liberté de le nommer, car la lumière chasse les ténèbres.
3. L'autorité au service du frère.
En Jésus s'harmonise dans un accord parfait la parole et l'action. L'autorité de sa parole et son agir sont au service du frère. Partout où il passe, il accorde du temps à tous, il se laisse toucher et sa parole libère, console et réconforte les coeurs brisés. Nous sommes appelés à imiter son exemple, même si nous ne pouvons pas lui être identique. Agir comme Jésus signifie être immergé dans l'humus de l'humanité, dans le but de prendre soin les personnes accablées de douleur sur le chemin de la vie. Comme le disait bien Emmanuel Lévinas, philosophe français, juif, d'origine lituanienne, "je ne sais pas qui je suis, avant de te rencontrer". Le frère est un don, un sacrement. Le frère est un objectif d'attention et de joie.
Le frère est comme le miroir qui révèle son propre visage, car le visage de l'autre est un reflet de notre commune humanité. Une bonne nouvelle que cet évangile laisse en nous est que Dieu s'est incarné pour moi, pour toi, pour nous tous, afin de nous libérer de l'empire des ténèbres, qui nous désoriente. Cette personne libérée de l'esprit impur peut être chacun de nous, quand nous vivons dans l'indifférence, dans la fermeture sur nous-même, ou quand nous afficho
ns des attitudes contre le frère. Si nous voulons construire une globalisation de fraternité sans frontière, soyons à l'écoute de Jésus et le monde sera plus beau.
Bon dimanche frères et soeurs.
Paix et joie dans le Seigneur!
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera





