Les lectures de ce dimanche insistent sur l'urgence de la conversion des ninivites (première lecture), la brièveté du temps (deuxième lecture) et la proximité du règne de Dieu (l'évangile).
1. L'urgence de la conversion.
Dieu par la bouche du prophète Jonas, annonce le chatiment pour la grande ville de Ninive. "Encore quarante jours et Ninive sera détruite". Ninive est une grande ville, symbolique, qui montre le caractère rebelle de tout en chacun. Mon coeur est plus grand que Ninive. Mon coeur est la mer plus profonde que celle qui a englouti Jonas. En nous s'agitent des ondes redoutable et le poisson de la foi qui vient à notre secours et qui nous porte là où nous ne voulons pas. Dans notre abîme intérieur, dans les viscères de notre sous-sol cohabitent le bien et le mal, la miséricorde et la misère. Dieu se sert des moyens et des personnes fragiles comme Jonas, pour réaliser son projet d'amour. L'expérience du naufrage, du séjour de trois jours dans les entrailles du poisson, fera de Jonas, un homme nouveau, obéissant à la parole de Dieu.
L'expérience de l'échec est une leçon de la vie et l'homme s'appuie là où il est tombé pour se relever. Il y a vraiment des moments gênants, obscurs, où le oui prononcé sans aucune contrainte, ne correspond pas aux exigeances de la parole. Ces moments sont durs, ils faut le dire. Chacun a son petit Tarsis où il se cache, pour fuir le sérieux de la parole performative de Dieu. Même Pierre, dans les heures décisives où dominent "l'humain trop humain", selon Nietzsche, dira:"Je ne connais pas cet homme". Mais, la bonté de Dieu ne désespère de personne.
2. Le temps est limité et le monde est en train de passer.
Cette invitation de saint Paul nous montre le caractère éphémère de nos choix, de nos satisfactions. C'est le coeur qui décide sur l'usage du temps qui passe. Il ne faut donc pas remettre à plus tard la conversion. Saint Augustin, avant sa conversion, hésitait de s'engager définitivement pour être au service du Seigneur. Il était tiraillé entre ce qu'il appelle "la boue des plaisirs charnels" et l'adhésion complète à la suite du Christ, son unique vérité et la raison de son espérance. L'urgence de la conversion exige l'abnégation, le sacrifice, le martyr de soi. Devenu évêque, saint Augustin a refusé le cadeau des barques offert par Boniface, en disant: "Jésus a libéré Pierre de la barque pour lui faire le pêcheur d'hommes", (Sermon355).
Il avait profondément compris la radicalité de l'évangile et le caractère provisoire de ce monde qui passe. Ce temps présent passe rapidement et nous invite à fuir les vanités en nous convertissant à la vérité et à la charité. Courrons! répandons partout le parfum de joie, de justice, de paix, de bonté, du service et du sacrifice. "Que ceux qui tirent profit de ce monde se comportent comme s'ils n'en profitaient pas, car le temps est limité".
3. La vocation comme acte d'obéissance et de liberté.
Jésus est présent là où l'humanité est présente pour lui apporter ce qui lui manque, la Bonne Nouvelle. Il annonce la proximité du règne de Dieu par rapport au règne du monde marqué par la violence, le brigandage, le mensonge, la cupidité. Ces vers de Virgile méritent d'être cités:"Si nous marcherons derrière toi, disparaitront même les traces de nos crimes et sera libérée la terre de ses permanentes peurs" (st. Augustin, lettre 258). Seul Jésus nous libère de nos angoisses liées à notre condition humaine. L'autre condition pour accueillir le règne de Dieu est la foi, un fait de liberté, qui exclut toute forme d'usage de force.
La foi libre, spontannée est une expression d'amour pour le Christ. Les premiers disciples ont répondu librement à l'appel de Jésus. Il ont laissé tout pour le suivre. Les fils de Zébédée ont abandonné même leur père. Ils seront désormais des pêcheurs d'hommes, une vocation qui consistera à tirer l'humanité dans les eaux redourables du péché, par le hameçon de la charité.
Prions pour tous les jeunes qui sont dans les maisons de formation pour devenir prêtres, religieuses et religieux, et tous ceux qui sont
déjà à l'oeuvre dans la vigne du Seigneur, afin que rien ne leur sépare de l'amour du Christ.
Paix et joie dans le Seigneur.
Bon dimanche.
Ton frère Abbé Ferdinand Nindorera
SU