Le temps de l’Avent nous invite à entrer en nous-mêmes, à nous interroger sur notre rapport avec Dieu et avec le prochain, en vue de notre conversion. Jean Baptiste nous aide à nous mettre en question pour changer notre style de vie, afin de bien nous préparer à accueillir le Seigneur qui vient avec puissance.
Il reconnaît ses limites, car il baptise dans l'eau, mais celui qu'il annonce « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Dans son humilité, Jean Baptiste affirme que le Messie est plus grand que lui, au point qu’il n’a même pas la dignité de retirer ses sandales. Cependant, il se déclare « ami de l’Époux » (Jn 3,28).
En suivant les indications de Jean Baptiste — qui annonce la Bonne Nouvelle, dénonce le péché et renonce aux commodités de ce monde — le jour du Seigneur ne doit pas nous effrayer. L’essentiel est de produire un fruit digne de la conversion.
1. LE COURAGE DE JEAN BAPTISTE
La mission de Jean Baptiste, fils unique, né alors que les espoirs de Zacharie et d’Élisabeth étaient éteints, est de préparer la voie du Seigneur. Il parle dans nos déserts avec courage pour nous inviter à la conversion. Il proclame à haute voix et sans peur : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ».
Pour que le message soit efficace, il faut que la personne qui prêche devienne elle-même « parole vivante ».
Ainsi, Jean Baptiste a opté pour la voie de la pauvreté, afin que la parole dont il est le serviteur fidèle soit un signe qui interroge et qui inquiète. Comme signe, il portait un vêtement de poils de chameau et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, alors que son père fut grand prêtre.
À travers cette vie sobre, faite de sacrifices et d’abnégation, le peuple ne doutait pas qu’il était prophète : « Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui et se faisaient baptiser par lui ». Son langage est loin d’être adulatoire : il ose appeler la classe puissante « engeances de vipères ».
Son courage et son franc-parler le conduiront au martyre, car la vérité fait mal au malfaiteur.
Aujourd’hui, les chrétiens ont peur d’affirmer avec courage la vérité de la foi. Nous sommes tentés par le compromis entre la vérité et l’opinion. Pour sauver la face, nous redoutons d’affronter les thèmes qui fâchent.
Notre être chrétien est-il enraciné dans le baptême, dans l’Esprit Saint et le feu, ou est-il réduit à une religion de caractère sociologique ou psychologique, selon les paroles de Dietrich Bonhoeffer ?
Le Seigneur Jésus nous enseigne qu’il faut d’abord chercher le Royaume du Père céleste et sa justice, et tout le reste nous sera donné par surcroît (Mt 6,33).
2. NON DANS LA RÉSIGNATION, MAIS DANS LA PERSÉVÉRANCE COURAGEUSE
Que faire alors pour être témoins de la vérité du Christ dans les tempêtes et les contradictions du monde ?
Saint Paul, écrivant aux Romains convertis à la foi chrétienne, les invite à vivre non pas dans la résignation face à la puissance des ténèbres, mais à s’engager courageusement dans ce monde même, en y répandant la lumière du Christ.
Le courage du chrétien comprend deux aspects complémentaires : d’une part, la conversion ; d’autre part, l’engagement à vivre cette conversion dans le concret, en devenant « le sel de la terre et la lumière du monde ».
C’est dans cette perspective que le chrétien, enraciné dans la foi, participe à l’avènement des temps messianiques où le loup, la vipère, le lionceau, l’agneau et l’enfant cohabitent pacifiquement. La paix universelle, qui est l'œuvre de Dieu, exige cependant notre part.
3. CONVERTISSEZ-VOUS
La conversion n’est pas un acquis une fois pour toutes. Il n’est pas aisé de passer de l’aversio à la conversio, étant donné que le péché consiste à choisir mal ce qui est bien.
Là où il y a le péché, il y a le plaisir de la concupiscence qui nous tient captifs. La conversion est l’effet de la grâce, qui exige le courage — selon l’étymologie grecque parrēsia — le franc-parler sur soi. Cette action exige un profond examen de conscience.
Comment nourrir ce courage de conversion ?
Saint Paul nous dit ce qu’il faut faire en attendant le retour du Seigneur :
– être à l’écoute du Verbe, pour « posséder l’espérance grâce à la persévérance et au courage que donne l’Écriture » ;
– ayant été instruits par les saintes Écritures, vivre l’espérance, sans laquelle l’action de grâce et la concorde dans la symphonie sont impossibles ;
– mener une vie dans la charité, dans la générosité et le respect mutuel.
Cette ouverture aux autres, sans tenir compte de leur origine, exige le courage de mourir au péché de l’égoïsme, de la jalousie, de la méfiance, du racisme, pour considérer n’importe quelle personne comme « un autre soi-même », un frère qui est un don précieux.
La conversion qu’exige ce temps de l’Avent est fondée sur la vérité que « le Christ a sauvé tous les hommes, en raison de sa miséricorde ». Cet appel à la conversion rend possible la construction des ponts pour la rencontre, afin de participer à l’édification d’un monde de paix pour tous.
Sans ce mouvement intérieur de conversion, l'homme devient l’enfer de l’homme, et le monde, un grand cimetière.
4. PRIÈRE POUR NOTRE CONVERSION
Seigneur, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils.
Donne aux rois de notre temps la sagesse assise près de toi, afin qu’ils gouvernent ton peuple avec droiture et qu’ils fassent droit au pauvre qui appelle et au malheureux sans recours.
Que le Seigneur nous transforme et qu’il rende nos déserts en jardins fleurissants de bonnes œuvres.
Que le don de la crainte du Seigneur, qui est le signe de la sagesse, nous accompagne en cette vie où nous t’attendons. Viens, Seigneur Jésus.
Bon dimanche de l’Avent, frères et sœurs.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.
Ton frère, Abbé Ferdinand Nindorera