Ce matin, dans une atmosphère à la fois solennelle et chaleureuse, Saint-Vincent a semblé devenir, le temps d’une rencontre, un petit carrefour du monde francophone. L’Assesseur à l’éducation, à la culture et aux politiques identitaires, Erik Lavevaz, accompagné de la Surintendante aux écoles, Marina Fey, s’est entretenu avec Éléonore Caroit, Ministre de la Francophonie du Gouvernement français, présente en Vallée d’Aoste à l’occasion du Sommet Grand Continent. Un échange qui n’avait rien du protocole froid : il y avait de l’écoute, du regard direct, des références partagées à une histoire culturelle qui continue d’écrire son présent.
À travers ses mots, Lavevaz a dressé les contours d’une ambition : celle d’un particularisme valdôtain qui n’est ni repli ni folklore, mais une manière singulière d’être dans le monde. « Nous croyons que toutes les conditions sont réunies pour donner au bilinguisme de notre région un nouvel élan, a-t-il déclaré. Notre tradition culturelle a fait de nous les porteurs d’un patrimoine multilingue qui s’avère aujourd’hui encore plus précieux ».
On sentait dans sa voix la conviction mûrie d’un territoire qui a toujours pensé sa différence comme un trait d’union. Qui, tout en restant enraciné dans ses montagnes, n’a jamais hésité à franchir les cols, réels ou symboliques.
Lavevaz a présenté les pistes sur lesquelles le nouveau Gouvernement régional souhaite avancer : garantir un parcours éducatif bilingue structurel, ouvrir davantage la Vallée d’Aoste aux chaînes de télévision francophones, et renforcer la présence institutionnelle au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie. Non pas des slogans, mais des outils — pour les élèves, pour les familles, pour une société qui vit dans plusieurs langues comme on respire.
Lorsqu’il évoque les jeunes, l’Assesseur retrouve le sourire confiant de celui qui croit aux graines plantées depuis longtemps : « Ceux qui terminent leur cycle scolaire en Vallée d’Aoste maîtrisent trois langues : c’est un atout culturel et professionnel évident pour des filles et des garçons qui disposent ainsi d’un outil supplémentaire pour faire face à un monde de plus en plus interconnecté ». Il ne s’agissait pas simplement de statistiques, mais du récit vivant d’une génération qui grandit avec davantage de clés que de verrous.
Éléonore Caroit, attentive, a montré une sensibilité sincère à cette identité plurielle qui caractérise la Vallée d’Aoste. Dans les échanges, on percevait l’idée que la Francophonie n’est pas seulement une appartenance linguistique : c’est un espace politique, juridique, culturel, où les peuples dialoguent sans renoncer à ce qu’ils sont.
Et la Vallée d’Aoste, avec sa petite taille et sa grande histoire, en est une preuve discrète mais éclatante : un territoire qui a choisi la langue comme héritage et comme destin, la diversité comme richesse, et l’ouverture comme forme la plus aboutie de fidélité à soi-même.
Au sortir de la rencontre, mais surtout dans les impressions laissées, il restait l’idée simple et fière qu’ici, au pied des Alpes, le particularisme n’est pas un mur : c’est un pont, patiemment construit, qui unit le passé, le présent et ce monde francophone auquel la Vallée d’Aoste continue, avec calme et détermination, de dire « nous sommes là ».