FEDE E RELIGIONI - 15 novembre 2025, 12:32

ÉVANGILE DE DIMANCHE: ATTENTE, ATTENTION, ACTION

XXXIII DTO,C. - La Dédicace de la Basilique du Latran- Tous les dimanches et les jours de fête d’obligation Sainte Messe à 9h30 dans l’église Saint-Martin-de-Corléans à Aoste. La Messe sera célébrée en français, animée par des chants en français et en latin interprétés par le chœur dirigé par Iris Boniface Stévenin, avec l’accompagnement musical à l’orgue assuré par le Prof. Paolo Torrente, enseignant Sfom

"Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit", dit le Seigneur. Saint Augustin, parlant de la relativité des êtres de ce monde, écrit: "Tout ce qui a commencé dans le temps ne peut pas être immortel, puisque les choses qui naissent meurent, et celles qui croissent vieillissent" (Lettre 166,5,14). Comment le disciple du Christ doit-il se comporter dans cette condition où tout est incertain sauf la mort?

Jésus recommande la persévérance dans le témoignage, afin que les signes des temps, au lieu de créer en nous la panique, nous servent de leçon. La première lecture et l'Évangile nous donnent des indications sur les signes qui précéderont sa venue, tandis que saint Paul nous indique la façon de nous préparer à accueillir le Seigneur qui vient.

ATTENTE ET ATTENTION AUX SIGNES DES TEMPS

Au début de cette année 2025, deux régions de la première puissance mondiale ont été dévastées par les feux de brousse. Les capacités humaines se sont révélées impuissantes devant ce "sublime chaotique", selon le langage du grand philosophe Emmanuel Kant. Ces régions sont la Californie et Los Angeles.

Jésus annonce la destruction de Jérusalem. Ce message de mauvais augure a pourtant un caractère universel, car tout passe, mais sa parole ne passera pas. La grande question qui préoccupe le chrétien de tout temps n'est pas le jour ou la date précise de la venue du Seigneur, mais la manière de l'accueillir, en faisant attention aux signes des temps qui, au lieu de nous effrayer, nous invitent plutôt à la conversion contre l'aversion.

Selon la prophétie de Malachie, ce jour du Seigneur sera brûlant comme une fournaise. Cette image d'un feu dévorant exprime la rigueur du jugement dernier. Certes, Dieu nous juge avec amour, mais la miséricorde de Dieu n'est pas exempte de la justice. Dieu est Miséricordieux en jugeant et il est Juge juste en faisant miséricorde. Le feu de l'amour de Dieu réchauffe les coeurs gelés et annéantit, comme de la paille, les coeurs des arrogants.

Selon saint Augustin, "Dieu détruit ce qui ne lui appartient pas, et sauvegarde son don en nous" (cfr Lettre 130 à Anicia Proba). Ce feu dont parle le prophète Malachie est un feu de purification qui brûle la paille de vices pour conserver les vertus de foi, d'espérance et de charité. Dans cette purification, la souffrance des méchants sera grande et les justes seront dans la joie parfaite.

Le message de Malachie est riche d'espérance et encourage ceux qui ont conservé la foi. En effet, l'histoire est enchevêtrée par des moments de gloire, de chute, de misère, de prospérité, de guerre, de pandémies. À tout moment, nous sommes interpelés à veiller, à persévérer dans la prière et dans la charité. Le jugement sera sans miséricorde envers ceux qui n'auront pas exercé la charité.

Dans sa récente lettre apostolique, Dilexi te, le Pape Léon XIV dit que nous sommes appelés à "devenir tous image du Christ et de sa miséricorde envers les plus faibles" (n.27).

2. APPEL À LA CONVERSION

L'Évangile de Luc insiste sur deux aspects dans l'attente du Seigneur. L'un est extérieur, la ruine du Temple de Jérusalem, et l'autre est intérieur, la conversion du disciple.

Parlant de la destruction du Temple, on dirait que Jésus n'était pas tendre envers sa beauté. Quand il chasse les vendeurs dans le temple, il dit: "Détruisez ce Temple, moi je vais le bâtir en trois jours". L'évangéliste saint Jean précise le sens des trois jours: il s'agit de son corps.

Aujourd'hui, il annonce à ceux qui parlent du Temple orné de belles pierres: "Il viendra des jours où il ne restera plus rien". Le message de Jésus est toujours d'actualité. Il dit à ceux qui restent sur l'aspect matériel des grandes basiliques et cathédrales dans leur splendeur artistique qu'il ne restera pas pierre sur pierre.

Dans ce message qui déçoit les enthousiastes et les idolâtres, Jésus nous fait un clin d'œil. Le vrai disciple du Christ n'est pas celui qui adore les pierres précieuses des Temples, mais doit être lui-même une pierre vivante qui participe à la construction du temple spirituel. La vie du disciple n'est donc pas la tranquillité, l'installation dans ce qui peut être ou ne pas être, dans un monde du panta rei, du tout passe selon Héraclite d'Éphèse.

Aujourd'hui, le monde est en ébullition. La guerre destructrice entre la Russie et l'Ukraine, il y a bientôt trois ans, la destruction sans pitié de Gaza par Israël, le conflit entre le Soudan du nord et du sud, les tensions politiques entre la Chine et Taïwan, la RDC et le Rwanda, ne font que confirmer la parole de Jésus prononcée il y a plus de deux mille ans. Sa Parole est éternelle et démasque l'hypocrisie des hommes qui veulent inscrire leur nom sur la terre. Dans le monde, il ne manquera pas de guerre, de persécution, de trahison, de tentation, malgré la paix apparente.

Le philosophe allemand, le Père de l'athéisme matérialiste Ludwig Feuerbach, disait que pour détruire l'Église de l'intérieur, il ne faut pas la persécuter, il faut plutôt lui donner la paix (Essence du christianisme). Jésus nous encourage à la persévérance, à la vigilance et à la fidélité, pour garder nos lampes allumées dans l'obscurité de l'histoire.

3. ATTENTE DANS L'ACTION

Ce clin d'œil de Feuerbach à l'Église doit nous inviter à rester vigilants, à nous attacher au "cas sérieux" qu'est la foi en Jésus-Christ et non aux sécurités, aux garanties du monde décrépit. L'attente du Seigneur ne se vit pas dans la peur, mais dans la sainte inquiétude. Le chrétien doit seulement avoir peur de ce qui corrompt son cœur.

Que devons-nous faire alors? Faut-il se comporter comme la cigale qui passe son temps à chanter ou comme la fourmi qui travaille sans repos? Saint Paul répond en nous invitant au soin de soi et des autres par le travail bien fait. Avec l'excuse que le jour du Seigneur était proche, beaucoup de Thessaloniciens avaient abandonné le travail. Certains menaient une vie déréglée, affairés sans rien faire.

Saint Paul nous recommande de rester vigilants en harmonisant la prière, le travail et la vie de relation, car la paresse est la mère de tous les vices. Sénèque, dans sa lettre à Lucilio, disait: "La paresse sans la culture est la mort et la tombe de l'homme vivant (otium sine litteris)". Blondel, quant à lui, ironisait les paresseux en disant: "Il y a un métier difficile dans la vie: c'est celui de ne rien faire". À ces gens-là, qui sont premiers à table et derniers au travail, l'appel de saint Paul s'adresse: "Qui ne veulent pas travailler, qu'ils ne mangent pas non plus". L'attente du Seigneur se fait dans la prière et dans l'action. "Ora et labora".

4. PRIÈRE POUR UNE SAINE VIGILANCE

Accorde-nous, Seigneur, d'attendre ta venue dans la prière, accompagnée par les œuvres de charité. Nous sommes dans le monde sans être du monde. Mais sans ta grâce, l'amour de la cité terrestre nous accapare dans ses séductions, jusqu'à l'oubli de Toi, Seigneur, source de tout bien. Sauve-nous de la paresse et de la corruption. Ouvre nos yeux pour cerner les signes de ta présence. Amen.

Bon dimanche, frères et sœurs.
Paix et joie dans nos cœurs et dans le monde.

Ton frère,
Abbé Ferdinand Nindorera

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