NOUVELLES EN FRANCAIS - 20 luglio 2025, 00:09

Des cris à la fuite : le référendum et la peur de la clarté

À un mois d’un référendum estival sans précédent, les cris se sont tus. Ceux qui l’ont voulu se taisent aujourd’hui, peut-être parce qu’ils ont compris que la clarté dérange, surtout quand on a misé sur la confusion. Une réflexion sur les contradictions et les silences qui entourent la consultation du 10 août

Erik Lavevaz

Ce n’est pas tous les jours que la politique valdôtaine nous offre un été aussi animé. Élections régionales et communales, double tour en septembre, et au milieu un référendum confirmatif — le premier de l’histoire de notre Petite Patrie. Et pourtant, à l’instant même où l’on s’attendrait à un débat vif, à une confrontation d’idées, peut-être même à un affrontement, ce qui domine, c’est un silence assourdissant.

Erik Lavevaz l’a décrit avec un ton calme mais incisif sur son blog, notant que les promoteurs du référendum — six conseillers de la Ligue et Diego Lucianaz — ont adopté une stratégie pour le moins surprenante : celle du silence. Et pourtant, écrit Lavevaz, « si j’étais parmi les promoteurs d’un référendum — et qui plus est confirmatif — j’utiliserais tous les moyens possibles pour expliquer pourquoi je considère cette norme injuste ». Mais non. Silence.

C’est l’un de ces paradoxes où ceux qui ont allumé l’incendie préfèrent s’éloigner en espérant que personne ne voie la fumée.

Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire. La loi remise en question réintroduit les trois préférences et — pour la première fois — introduit la préférence de genre pour l’élection du Conseil régional. Une petite révolution. Et pourtant, rien. L’opposition qui a combattu ce texte en séance aujourd’hui disparaît des radars. « La confusion délibérée fonctionne tant que les interlocuteurs ne comprennent pas le tableau. Une fois que tout le monde a compris qu’il ne s’agit pas de voter pour l’élection directe du président ou d’autres fantasmes, le petit jeu est terminé ! », observe encore Lavevaz.

La droite se tait, mais à gauche non plus tout n’est pas si clair. Certains, de manière cohérente, soutiennent le Oui sans trop d’enthousiasme : « Pas parce que c’est la loi idéale — ce n’est pas non plus notre avis — mais parce que c’est tout de même un pas en avant ». D’autres, en revanche, semblent faire volte-face, défendant aujourd’hui le Non alors qu’ils ont longtemps brandi la double préférence de genre comme un drapeau.

Et là, le risque est que le référendum devienne un champ de mines électoral. Non pas parce que la question est trop technique — elle l’est, mais pas incompréhensible — mais parce que l’absence de véritable campagne référendaire laisse place aux soupçons, aux théories fumeuses, et surtout à la désinformation.

Lavevaz le dit sans détour : « Il y a même des gens, dans cet espace politique, qui continuent à diaboliser les trois préférences, craignant de prétendus systèmes de contrôle du vote. Ils l’ont vraiment dit, en ignorant — ou en feignant d’ignorer — que le dépouillement centralisé existe depuis des années. » Et ici, la réflexion devient politique : la préférence unique n’a pas fonctionné, elle a favorisé l’individualisme et l’opportunisme, « alimentant les changements de camp et les logiques personnalisées ».

Qui a peur de la transparence ? Qui redoute qu’avec trois préférences, le système devienne plus participatif, plus représentatif — notamment des femmes ? Peut-être ceux qui préfèrent maintenir le contrôle grâce à de petites logiques de pouvoir, d’équilibres internes, de positionnements tactiques.

Lavevaz, ancien président de l’Union Valdôtaine, le dit clairement : « En regardant vers l’avenir, je pense qu’il faut aller encore plus loin : introduire le vote électronique ». Une proposition intéressante, qui met sur la table la possibilité de moderniser non seulement le système régional, mais aussi celui des communes.

Le référendum du 10 août n’est donc pas une formalité. C’est un révélateur. Une occasion de voir qui s’expose et qui, après avoir crié, a décidé de fuir. Car « des cris à la fuite », il n’y a qu’un pas — mais il laisse des traces. Des traces que les citoyens feraient bien de suivre cette fois.

pi.mi.