Il y a des lieux qui parlent. Des objets qui transmettent. Et des gestes qui rappellent qu'une communauté sans mémoire est une communauté sans avenir. Ce vendredi 16 mai, dans un climat de simplicité solennelle, l’Union Valdôtaine a ouvert les portes de son Siège Central rénové à Aoste, marquant non seulement la fin d’un chantier matériel, mais l’affirmation d’un chantier identitaire, politique, existentiel.
Le bureau d’Émile Chanoux, héros de la Résistance valdôtaine, chantre du fédéralisme alpin, martyr pour l’autonomie, a trouvé sa place au sein de la Maison de l’Union. Offert par la famille Blanc, ce meuble n’est pas un simple objet : c’est un totem. Une boussole. Une promesse. « Il est à sa place ici », a déclaré avec une émotion retenue Ivo Blanc, rappelant le jour où la veuve de Chanoux, Céleste Perruchon, lui avait confié ce bureau, alors qu’il n’était qu’un jeune homme à Villeneuve.
Ces mots sonnent fort, à l’heure où les recentralisations rampantes menacent de vider les institutions autonomes de leur contenu. Le rappel du droit à l’autodétermination n’est pas une provocation : c’est une mise au point.
Ici, l’écologie n’est pas un slogan mais une stratégie : produire de l’énergie propre, réduire les émissions, démontrer que l’autonomie c’est aussi la capacité d’innover concrètement.
Et cette survie passe par la transmission. La rénovation du Siège Central n’a pas été un luxe, mais un acte de responsabilité collective. Les adhérents ont contribué avec enthousiasme, les entreprises locales ont retroussé leurs manches. Une œuvre commune pour un bien commun.
En ces temps de tensions géopolitiques, de nivellements culturels, de replis identitaires contre-productifs, la pensée de Chanoux n’a jamais été aussi actuelle. Elle nous dit que le fédéralisme n’est pas une exception, mais une réponse. Que l’autonomie n’est pas un privilège, mais un droit. Et que la diversité linguistique et culturelle n’est pas un folklore, mais une richesse vitale.
En accueillant le bureau de Chanoux, l’Union Valdôtaine accueille aussi sa voix. Et cette voix nous murmure encore : « Résister, c’est exister. »